Gratte-ciel pas mort !Dans la manifestation qui s’apprête à fermer ses portes, les pavillons européens ont montré une vitalité réjouissante et les projets de tours ont accaparé l’attention.
| Gratte-ciel. © Françoise Monnin. |
VENISE. Un fauteuil rose fluorescent (signé Paillard, Jumeau, Marin & Trottin) chez les Français, une maquette bleu ciel (Atelier 4D) chez les Belges : plus d’un pavillon de la vieille Europe présente, à Venise, l’allure d’un conte de fées. La sensation est d’autant plus frappante que, au bout de son allée, le pavillon américain paraît, lui, bien fatigué : devant sa colonnade néoclassique, une poutre métallique et brûlée - rapportée de ce qui reste des Twin Towers de New York - pèse de tout son poids. À l’intérieur, les photos de Joël Meyerowitz sont si chargées d’émotion qu’à leurs côtés les projets de reconstruction de l’endroit font pâle figure. Les deux Amériques pansent leurs plaies. Le pavillon brésilien, autour duquel sont reconstituées quelques baraques des favelas de Rio, le confirme. Une telle présentation, par sections nationales, semble mettre cruellement en exergue l’état d’âme de chaque pays.
Rêver en hauteur
La partie la plus frappante de la biennale est sans conteste la grande exposition «Next», qui fait fi des origines géographiques des créateurs. Dans les 140 projets mis en scène, la maquette demeure un objet présent, délectable, mais la part du lion revient à l’image virtuelle sur écran géant. Plusieurs consoles permettent aux visiteurs d’intervenir sur les objets représentés. Afin de ne pas trop privilégier l’impalpable, plusieurs parois, réalisées en très grandes dimensions, mettent en scène des transparences, des résistances et des matériaux inédits. Ainsi circule-t-on sans ennui, même si l’on est néophyte, au fil des différentes sections : habitation, musée, communication, éducation. Dans la dernière partie, la plus spectaculaire, consacrée aux tours, le visiteur emprunte une «rue» bordée de maquettes colorées, dans une pénombre totale : chacun des projets de buildings exposés est illuminé par un réseau électrique. Ici, une infrastructure rouge (Toyo Ito & Associates), là, un noyau bleu (Nouvel), plus loin, un arc-en-ciel (MDRDV) délimitant chaque étage. Preuve est faite que si les gratte-ciel ont beaucoup fait pleurer, ils peuvent encore donner à rêver.
| Françoise Monnin 25.10.2002 |
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