La Seine fossileÀ l’occasion de la construction du musée du quai Branly, des fouilles réservent des surprises sur Paris antique.
| © Nicolas Borel / Musée du
Quai Branly |
PARIS. Au nord du chantier, sur les berges de la Seine, des fouilles sont menées par une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) sur une zone de près de 1000 m2. Elles ont révélé, à sept mètres sous le niveau de la voirie actuelle, non pas une île (celle aux Cygnes sur laquelle Louis XIV avait entrepris un élevage de ces oiseaux très en vogue au XVIIe siècle), comme cela était supposé, mais un bras asséché du fleuve. Des couches archéologiques jusque-là inondées, l'équipe de Patrick Pion, maître de conférence à Paris X, a dégagé des éléments organiques, surtout du bois (une centaine de pieux et traverses, et un grand clayonnage), parfaitement conservés (datés par carbone 14 du IVe siècle après J.-C.). «C'est un chantier assez déconcertant, une sorte de «Paris-Plage» dans une boîte de béton composée de sable grossier «coulant» qui s'effondre au fur et à mesure des fouilles», explique le chercheur. «Ces fouilles sont également intéressantes pour la masse de données environnementales fournies. Elles vont permettre de se faire une idée plus juste du paysage ancien de la Lutèce antique», poursuit Patrick Pion. L'étude des graines, pollens ou fibres végétales découverts a permis de reconstituer une zone habitée avec des activités agro-pastorales et de pêche et un paysage boisé (hêtres, aulnes, chênes) soumis à défrichement.
| Muriel Carbonnet 04.11.2002 |
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