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Expositions

Dieu existe, les artistes l'ont rencontré

Une exposition est consacrée à Marie-Madeleine dans l’église du même nom. L’art sacré est-il «tendance» ?


Josette Rispal, Marie-Madeleine
© David Damoison
PARIS. Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. C’est du moins ce que laisse supposer la fréquence des expositions sur le sujet. L'an dernier, au Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis, dans un ancien monastère, des créateurs contemporains avaient exprimé leur vision de Dieu et de la quête spirituelle, avec des choix inattendus, incluant la célèbre Prière de Man Ray et des œuvres de Jan Fabre et Jean-Jacques Lévêque. Pour la dixième édition de la biennale d'art sacré de San Gabriele (Italie), qui s'est achevée le 29 septembre, les artistes invités avaient conçu des installations sur le thème de la «lumière comme signe de transcendance». Gérard Garouste a procédé depuis longtemps à sa propre lecture de la Bible dans ses dessins et gravures. Pierre & Gilles ont entrepris en 1987 une série de photographies, Saints et martyrs. Les interprétations peuvent cependant être iconoclastes. Lors de la Biennale de Venise en 2001, La nona ora, une sculpture de Maurizio Cattelan, où l'on voyait le Pape touché par une météorite, avait fait scandale. Quant au peintre danois surréaliste Ole Ahlberg, né en 1949, qui expose en ce moment à la galerie G. M. Arts, il proclame que «Tintin et le Pape sont des symboles créés pour croire à l'innocence». Est-ce en vertu de cet adage qu'il peint le Pape en train de prier et, en toile de fond, une femme nue ?

La Madeleine a 160 ans
De plus en plus, les lieux saints s'ouvrent à l'art contemporain. À Paris, la chapelle de la Salpêtrière accueille régulièrement des expositions, tout comme l’église de la Madeleine, qui se consacre à «Marie de Magdala». Une trentaine de sculpteurs, peintres, graveurs et photographes ont revisité l'image de Marie-Madeleine, pécheresse puis apôtre. Le parcours et la scénographie de l'exposition, qui s'ouvre avec une belle sculpture en verre de Josette Rispal, sont «initiatiques», selon les termes de Mylène Vignon, la commissaire, qui explique : «L'idée du thème m'est venue à l'occasion du 160e anniversaire de la construction de l’église. J'ai voulu rendre hommage à Marie, née à Magdala, petite ville de Galilée. Cette figure complexe et captivante de l'Évangile a toujours été source d'inspiration dans l'histoire de l'art». Neuf siècles après les tympans romans, qui la mettaient sur un pied d’égalité avec la Vierge, les plasticiens ont interprété en toute liberté les visages du premier témoin de la Résurrection. Et, comme jadis, «Marie de Magdala» va peut-être voyager. La basilique de Vézelay, lieu de pélerinage populaire depuis le XIe siècle en raison de la présence de reliques, souhaiterait accueillir l’exposition, tout comme les musées de Rennes et de Cholet.


 Brigitte Camus
09.11.2002