Pierre GuinardAlors que le Mois du patrimoine écrit vient de s’achever, le conservateur de la bibliothèque de Lyon nous fait découvrir le De Laudibus Sanctae Crucis de Raban Maur.
| Raban Maur, De Laudibus Sanctae
Crucis, détail, IXe siècle.
© Bibliothèque municipale de Lyon,
photo Didier Nicole. |
Né à Mayence dans les années 780, Raban Maur entreprend sa formation auprès d’Alcuin à Tours avant d’être nommé abbé de Fulda en 822, puis archevêque de Mayence en 847. Ce personnage a eu une importance autant politique que religieuse et littéraire. Le De Laudibus Sanctae Crucis ou Louanges à la Sainte Croix est une œuvre de jeunesse. Unique en son genre, ce manuscrit a été lu durant tout le Moyen Âge et imprimé dès le XVe siècle. Les pages de gauche présentent un texte poétique latin louant la Sainte Croix. Sur chacune d’elles, des dessins couverts de lettres rouges, nommés les Versus intexti s’intercalent et apportent un sens nouveau au document. On trouve aussi bien des motifs géométriques que l’agneau pascal entouré des quatre évangélistes. La page de droite, écrite en minuscules carolines (de l’époque carolingienne), explicite ce sens caché.
En lettres rouges...
Ce manuscrit a été acquis à la fin du XVIIIe siècle grâce à une rente offerte par un dénommé Marc Perrachon aux jésuites alors responsables de la bibliothèque. Ce n’est qu’en 1762, lors de leur expulsion de France, que la collection devient municipale. Le manuscrit, dont la reliure date du XVIIIe siècle, est en bon état de conservation malgré la disparition des trois premiers tableaux. Il ne s’agit pas du manuscrit original mais d’une copie certainement réalisée à Tours vers 850 sous la direction de Raban Maur lui-même. L’originalité de ce texte réside essentiellement dans son grand format et dans sa composition originale en vingt-huit tableaux. Sur le dernier feuillet de ce manuscrit, au numéro 28, Raban Maur est représenté agenouillé au pied de la croix, dans une attitude d’humilité. Le message contenu dans les lettres rouges qui le recouvrent signifie : Je te demande, Christ clément, de protéger Raban lui-même par un juste jugement. La bibliothèque d’Amiens possède également un exemplaire de ce manuscrit.
| Stéphanie Magalhaes 12.11.2002 |
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