Giger, le visionnaireH. R. Giger, connu pour ses décors du film Alien de Ridley Scott, est un artiste protéiforme.
Né en 1940 en Suisse, Giger étudie le design industriel et l'architecture. Il commence par publier des dessins oniriques et érotiques à l'encre de Chine dans des revues «underground». Représentant du réalisme fantastique, il multiplie vite les incursions cinématographiques (avec notamment Poltergeist II, Dune et Alien, qui lui vaut l’oscar des meilleurs effets spéciaux en 1980), réalise des couvertures de disque et de bande dessinée, investit le théâtre, la télévision, les jeux vidéo. L’ouvrage aborde les principales facettes de cette activité frénétique, en passant par les sculptures, les héliogravures ou les posters, diffusés dans le monde entier dès 1969.
Bosch sinon rien
Il nous introduit aussi dans son musée personnel, fort étrange, comme il se doit. Il est situé à Gruyères, symbole de la Suisse propre et sage, et abrite des monstres, mi-machines, mi-humains, mais entièrement sexués, vision terrifiante du monde inhumain de demain. L'inventeur de l'art biomécanique, mélange de mécanique et d'organique, est bien «le ver dans le fruit», le Jérôme Bosch du XXIe siècle. Et dans son pays ? « En Suisse, si on est artiste, soit on s'exile, soit on vit dans une bulle», résume Bijan Aalam, ami de Giger depuis trente ans, pour expliquer pourquoi l'artiste a choisi la deuxième solution. Ses images subliminales, miroirs des fantasmes les plus inavoués, ouvrent une véritable boîte de Pandore. Il avoue ne pas être mécontent de plonger les habitants du pays du gruyère... dans des «trous» cathartiques !
|