Que c’est beau la photographie !Les frères Jacques le proclamaient en musique dans les années 1970. Expositions, salons, ventes : aujourd’hui, c’est Paris et toute la France qui semblent succomber à la fièvre…
| Françoise Huguier, L’an 2000,
Fnac Étoile, jusqu’au 23/11/2002.
© Françoise Huguier / Rapho. |
Lorsqu’il a été lancé, en 1980, le Mois de la photo ne semblait guère avoir d’avenir assuré. Pourtant, 80 000 visiteurs fréquentèrent les 49 expositions organisées dans les galeries et les centres culturels. Deux décennies plus tard, le compteur est monté à un demi-million d’entrées. «On nous fait souvent le reproche de la profusion, commente Jean-Luc Monterosso, le créateur de la manifestation avec Henry Chapier. Mais c’est le propre de tous les festivals ! Un festival, c’est toujours un trop-plein. À Cannes, il y a une quantité de films, à Avignon, il est impossible de voir tous les spectacles !» Pour donner un tonus accru à l’événement, pour s’éloigner des «choix trop consensuels», Jean-Luc Monterosso a confié cette année la sélection à trois commissaires, trois femmes - Elvan Zabulyan, Alice Morgaine et Caroline Bourgeois - qui ont travaillé de concert pour développer trois thématiques : la photographie au féminin, les métamorphoses de la mode, la création dans les pays émergents.
Offensive tous azimuts
En donnant naissance à Paris photo il y a cinq ans, Rik Gadella a ajouté au volet institutionnel un salon commercial et a conforté la capitale dans son rôle de carrefour international. Paris photo reçoit au Carrousel du Louvre une centaine des principales galeries mondiales et 40 000 visiteurs. Les organisateurs semblent n’avoir à regretter que l’exiguïté du Carrousel du Louvre. «L’an dernier, dix-huit galeries allemandes étaient les invitées de la section Statement, consacrée à un pays (pour 2002, ce sont les Pays-Bas). Cette année, elles ont été soixante-dix à soumettre leur candidature au salon», résume Rik Gadella. Les maisons de ventes ont adapté leur calendrier : ce n’est pas une coïncidence si Christie’s organise sa première vente de photographie en France ce 16 novembre. Quant aux vacations de photo-journalisme, elles semblent inaugurer un nouveau marché, surtout depuis les événements du 11 septembre. Les musées en profitent aussi pour redéployer leur fonds. C’est le cas au Musée d’Orsay ou au Musée Carnavalet. April in Paris, swinguait l’orchestre de Count Basie. Désormais, novembre le vaut bien. Preuve de ce succès, des mois de la photo ont fleuri de par le monde, de Cherbourg jusqu’à Singapour, en passant par Montréal ou Nice, qui s’est récemment attaché à l’école suédoise. «Un Mois de la photo - j’en ai dénombré vingt-sept dans le monde - c’est un moyen très souple de créer une manifestation culturelle en utilisant, et c’est un point très important, les structures existantes», précise Jean-Luc Monterosso, qui conclut en forme de boutade : «La France a offert au monde l’invention de la photographie, Paris peut bien lui offrir le Mois de la photo…»
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