Bananas...S’inspire-t-il du film de Woody Allen, qui narre les déboires d’une république d’Amérique centrale et son interminable révolution ? En tout cas, l‘artiste Douglas Fishbone a un faible pour la banane.
| © D.R. |
NEW YORK. Sur fond de ciel bleu d’octobre, devant l’empilement parfait de 2 mètres de haut et 3 mètres de diamètre, les New Yorkais - pourtant habitués à en voir de toutes les couleurs - en sont restés bouche bée. Combien étaient-elles ? 10 000 bananes : c’est la réponse et, en même temps, le nom de l’installation conceptuelle de l’artiste Douglas Fishbone, âgé de 33 ans. Même si les intéressées étaient en réalité… 17000 pour former ce temple organique, d’une valeur de 1700 $, à l’occasion du sixième festival annuel Dumbo Art Under the Bridge, à Brooklyn, du 18 au 20 octobre. La mère de Douglas Fishbone, Anita, et son frère, Alan, ont collaboré à l’érection de ce monument à la banane. L’une de leurs missions a consisté à décourager des fans d’art conceptuel, passablement affamés, qui entendaient manger l’œuvre. Changement d’attitude à la fin de la journée : l’artiste, sa mère et quelques amis ont distribué les bananes aussi rapidement que possible. «Il était essentiel pour moi que rien ne soit gaspillé» explique-t-il.
Sa première installation bananière a vu le jour à Cuenca, en Équateur, avec un contingent de 25 000 fruits. Pour la seconde, à Guadalquivir, toujours en Équateur, le stock s’est élevé à 40 000 bananes (pour ceux qui l’ignoreraient, l’Equateur est l’un des premiers producteurs au monde). À Piotrkow Trybunalski, en Pologne, Fishbone est redevenu dingue de bananes : les critiques d’art locaux ont vu dans son installation une métaphore des accumulations nazies de cheveux, de vêtements, de lunettes, de chaussures. «En Pologne, avant l’effondrement du communisme, la banane était un article de luxe» explique l’artiste. «Je voulais créer un événement inattendu, et agréable, mais soulever dans le même temps des problématiques plus graves sur la consommation et la violence.» Mais 10 000 bananes, au fond, qu’est-ce que cela signifie ? «Tout dépend de quel angle on observe» explique Fishbone, qui suit actuellement un Master of Arts au Goldsmith College, à Londres. «Je laisse le spectateur libre de ses interprétations. Après tout, Freud n’a-t-il pas dit un jour : une banane, parfois, ce n’est qu’une banane…».
|