© Les Abattoirs
| | La princesse aux petits poisLes installations colorées de Yayoi Kusama investissent l’espace des Abattoirs de Toulouse. Alain Mousseigne, le conservateur, nous initie à un univers psychédélique...
Quel rapport y-a-t-il entre Yayoi Kusama et Toulouse? Peut-on parler d’affinité?
Alain Mousseigne. Il y a deux ans déjà, le palais des Arts de Toulouse a invité l’artiste à exposer dans la ville rose : Organic. Cette présentation est à l’origine d’une commande pour les Abattoirs : Infinity Mirrored Room-Dots Obsession. D'autre part, notre fonds permanent comporte environ 20 pièces insignes du groupe Gutaï ce qui prouve notre intérêt pour le Japon. Yayoi Kusama perpétue à sa manière la violence et l’anticonformisme de Kanayama, Yoshihara, Shiraga ou Toshio. Ces artistes, actifs jusqu’en 1972, ouvrent la voie à une nouvelle prise de conscience de l’art comme attitude. Le travail de Kusama se trouve dans cette lignée. Grace à la collaboration du Consortium de Dijon et de l’artiste, nous avons mis au point une présentation qui voyagera de la France au Danemark en faisant escale en Autriche, en Pologne, en Suède et terminera sa course au Japon.
Quelle est la particularité de la présentation à Toulouse?
Alain Mousseigne. Les 10 installations conçues par l’artiste trouvent dans l’architecture majestueuse des Abattoirs un espace approprié à l’expression de son propre étonnement. La récurrence des pois dans ses œuvres agit comme une empreinte répétitive de ce trouble obsessionnel lié à son enfance : les pois de la nappe familiale se retrouvent aujourd’hui dans tous ses travaux. Les 10 conceptions environnementales sont autant de lieux magiques : Ladder to Heaven, Fireflies on the Water ou encore Dots Obsession, New Century qui font revivre les histoires d’Alice au Pays des merveilles.
Comment peut-on décrire les relations entre les visiteur et l'artiste dans cette exposition?
Alain Mousseigne. Véritablement happé par les effets psychédéliques, le spectateur devient le jouet de la magie de l’artiste. Sa mobilité participe à la vie des installations. Comme à son habitude, l'artiste interviendra certainement lors de son passage à Toulouse. L’actrice des happenings polémiques et très médiatisés va-t-elle nous surprendre cette fois encore ? Yayoi Kusama revendique son rôle d'artiste atypique. Son monde de subjectivité reste redevable à l’avant-garde new-yorkaise : accumulation et répétition de motifs en témoignent. Son travail associe merveilleux et illusion psychique : miroirs, ballons, pois, Kaléidoscope...C’est un monde en soi.
| Stéphanie Magalhaes 05.10.2001 |
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