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Musées

Les daguerréotypes sortent des réserves

Quinze ans après son inauguration, le Musée d’Orsay offre un espace permanent à sa collection photographique.


William Henry Fox Talbot, Arbres se
reflétant dans l'eau, Lacock labbey
,
vers 1843, papier salé calotype.
© Musée d'Orsay.
PARIS. Depuis l'ouverture du Musée d'Orsay, en 1986, la place échue à la collection de photographies s'était progressivement réduite à une peau de chagrin : une petite salle difficilement accessible au quatrième niveau du musée. La galerie permanente, inaugurée le 28 octobre dernier, est donc le fruit de la longue revendication des conservateurs soutenue depuis peu par leur directeur, Serge Lemoine. Ce dernier nous confiait au mois de janvier dernier vouloir revaloriser ce département doté de «l'un des plus beaux fonds photographiques au monde».

Un fonds créé ex-nihilo
Ce fonds de 50 000 pièces a été conçu ex-nihilo depuis 1979, date de l'acquisition de l'album d'Alphonse de Brébisson, un amateur des années 1850. Certaines ont été déposées par des institutions telles que la Manufacture de Sèvres ou le département des antiquités égyptiennes du Louvre. D'autres ont été données comme un millier de clichés issu du musée créé à Vincennes par Kodak. D'autres enfin ont été achetées auprès de collectionneurs privés comme Roger Thérond, l'ancien directeur de Paris Match, et au cours de ventes publiques. Ainsi, la très médiatique vente Jammes qui a vu l'acquisition de sept lots dont le fameux Stryge de Charles Nègre.

Du daguerréotype à l'autochrome
Le principe de la galerie est simple : un accrochage thématique ou monographique d'environ trois mois. Pour l'heure, le Musée d'Orsay illustre la diversité de son fonds. Sur le plan technique, les daguerréotypes côtoient les autochromes, les premières photographies en couleur. Quant à la variété des pratiques, elle se révèle d'elle-même. Quoi de comparable en effet entre les photographies intimes de Pierre Bonnard, les portraits du mime Debureau pris par Nadar pour promouvoir son atelier lors de l'Exposition universelle de 1855 et les commandes passées à Baldus par la Compagnie des chemins de fer du Nord pour commémorer le voyage de la reine Victoria, de Boulogne à Paris…


 Zoé Blumenfeld
18.11.2002