Hugo, le contemplateur contemplé

PARIS. Lorsqu’on évoque les œuvres graphiques de Victor Hugo, on a coutume de les rapprocher de celles de ses contemporains ou de celles des surréalistes. Une filiation qui repose sur les procédés qu’il a employés pour scruter l’inconscient : tachisme et kleksographie (taches d'encre réalisées en pliant une feuille de papier) combinées avec des matériaux tels que la terre, la poussière de métal ou le café… C’est un tout autre pari qu’a voulu tenter la Maison Victor Hugo en invitant l’ancien directeur de la Documenta et de la Biennale de Venise, Harald Szeemann, à mettre en scène les rencontres du maître romantique avec des artistes du XXe siècle : Hans Bellmer, Louis Sutter, Minette Vari ou Joseph Beuys…

Des lavis aux installations
En préambule, un lavis : Villa au bord d’un lac, l’une des soixante-dix œuvres du poète exposées. Reproduite à l’infini sur les cimaises de l’exposition temporaire, elle constitue un véritable fil d’Ariane. Un fil conducteur d’autant plus utile que les mises en relation ne sont pas toujours évidentes. On comprend d’emblée la comparaison formelle des dessins de Hugo avec des jeux de lettres de Markus Rätz, un paysage sous-marin de Tanguy ou des champignons composés d’images surimprimées par Sigmar Polke. On peut également saisir l’écho que constitue l’Electric Chair de Lucinda Devlin par rapport à l’engagement d’Hugo contre la peine de mort… Mais dans le cas de Beautiful Clouds de de Zhou Xiaohu, du Couple d’oiseaux d’Annette Messager ou du surprenant Théâtre d’ombres de Christian Boltanski, les rapports deviennent si tenus qu’il faut s’astreindre à lire les panneaux explicatifs. Cela n’irait-il pas à l’encontre de l’idée de «rêveries au bord de Victor Hugo» ?