Le New York de DolorèsDolorès Marat livre dix années de fréquentation de la métropole.
l n’y a pas si longtemps que Dolorès Marat fréquente et photographie la ville de New York. Ses premières images datent de 1993 et, depuis cette date, elle préserve chaque année un peu de son temps pour retourner «là-bas» et continuer sa promenade en toute liberté à travers Manhattan, mais aussi Brooklyn ou le Queens. Le livre qu’elle publie aujourd’hui restitue bien cette liberté de mouvement, même si le titre New York USA n’est pas vraiment représentatif de l’esprit des images que l’on découvre au fil des pages. Pas de légende pour se repérer, car Dolorès Marat ne souhaite pas préciser les lieux de ses photographies : ici, il n’est pas important de reconnaître telle ou telle avenue, tel ou tel quartier, ce qui pourrait d’ailleurs nuire au rythme du livre, l’une de ses qualités. Cela se passe à New York, mais cela pourrait très bien se passer dans une autre grande métropole américaine. Car c’est surtout un paysage intérieur qui défile sous nos yeux. Dolorès Marat vient à New York enrichir son univers personnel : des couleurs, des sensations, des mouvements, des sons - que l’on devine à travers certains clichés -, et ce qu’elle y trouve s’inscrit absolument dans la continuité esthétique de son travail mené par exemple à Paris.
Histoire d’ambiance
Le livre peut d’abord se regarder image par image : on apprécie les nuances chromatiques autant que l’atmosphère qui se dégage de chaque photographie. Puis l’on goûte aux relations qui s’établissent entre deux images dans le contexte de la double page : les contrastes, les échos entre les sujets, leurs formes, leurs couleurs. On découvre enfin le rythme visuel de l’ensemble, le rôle que jouent par exemple les images en grand format. Dolorès Marat apporte un soin tout particulier à ce travail de disposition des photographies au sein de l’espace du livre, qui s’est opéré ici avec la complicité de Francis Dumas. Pas de texte entre les images qui détournerait l’attention, pas de blanc trop important, beaucoup de densité, de plein, un peu comme si New York avait horreur du vide. Mais c’est aussi la nature du regard que Dolorès Marat porte sur les gens et les choses qui accentue cette impression. Elle est très proche de son sujet, sa vision est intimiste, pour reprendre un terme qui est utilisé dans le domaine du cinéma. Ce livre est d’ailleurs si serré que l’on pourrait l’aborder comme une séquence cinématographique, un long travelling dans la ville, qui s’est développé sur quelque dix années.
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