Le triomphe du Grand Siècle

PARIS. À l’heure où la tendance s’oriente toujours plus vers le XXe siècle, la succession d’un amateur organisée par Libert remet les styles Louis XIV et Louis XV à l’honneur. En une centaine de lots, tous les arts appliqués sont abordés : la céramique avec des vases balustres en porcelaine de Chine, les luminaires avec des flambeaux, des appliques ou des porte-torchères en bronze doré ou la tapisserie avec une portière aux Renommées de la manufacture des Gobelins. L’un des points culminants de la vente permet même d’évoquer la rencontre des arts décoratifs et de la musique. Un clavecin (350 000 €) constitué à partir de la table d’harmonie d’un virginal de 1622 a été entièrement orné au début du XVIIIe siècle : singes musiciens et grotesques entourent ainsi la caisse sur fond d’or.

L’alliance du laque et du bronze
Les meubles occupent cependant la majeure partie du catalogue. Le goût des bronzes dorés et sculptés transparaît à travers une table de milieu aux pieds en demi-gaine terminés par des masques de guerriers barbus (35 000 €) ou deux consoles, l’une portée par deux sphinges coiffées d’une coquille et l’autre reposant sur des pieds sinueux à masques de bouc (80 000 €, chacune). La mode de la marqueterie Boulle en écaille rouge et laiton n’est pas en reste grâce à une très belle armoire aux panneaux ornés d’entrelacs, d’animaux et de baldaquins (150 000 €). Dernier point fort de la vente, les chinoiseries. Elles sont représentées par trois meubles estampillés Jean Demoulin (1715-1798), actif auprès du Prince de Condé. La commode galbée (700 000 €) et les deux meubles de coin à porte bombée (100 000 €) sont tout à fait caractéristiques du goût de cet ébéniste pour l’association de laque de Chine et de volutes en bronze ciselé.