La haute époque avant l'«acqua alta»

VENISE. Semenzato, qui vient de fusionner avec Finarte, n’a pas lésiné sur le marketing. Deux beaux catalogues reliés de 300 pages chacun présentent une collection qui pourrait rapporter plus de 10 millions €. Jusqu’au 27 novembre, elle est visible sur les lieux mêmes où elle a été assemblée : l’ancienne abbaye de San Gregorio, fondée il y a mille ans, qui n’accueille plus les moines depuis longtemps mais des esthètes fortunés comme Barbara Hutton, la «Million Dollar Baby» ou Carlo Monzino, propriétaire d’une chaîne de grands magasins. C’est le décès de ce dernier qui amène ses héritiers à se séparer du mobilier. «On trouvait à tous les étages des meubles magnifiques, explique l’expert Bruno Botticelli. Même le gardien mangeait sur une table du XVIIe siècle ! Depuis les grandes ventes des antiquaires florentins Volpi ou Bardini à New York en 1919, je ne crois pas qu’on ait vu d’ensemble aussi complet. Le plus curieux, c’est que la quasi-totalité des objets - qui sont à plus de 90 % d’origine italienne - n’ont jamais été publiés.» Entre un Christ en bois polychrome du XIVe siècle (10 000 €), des cassoni (de 8 000 à 150 000 €), des ivoires gothiques, des fauteuils Savonarole en noyer, des albarelles d’Urbino et des nappes en dentelle de Burano (12 000 €), on remarque un bel ensemble de peintures. Avec de beaux noms : Jacopo di Cione (Vierge à l’enfant, fin XIVe siècle, 280 000 €), le Maître de San Torpe ou Gherardo Starnina, l’auteur de la célèbre Thébaïde. Sa Vierge à l’enfant avec des saints, peinte vers 1410, estimée plus d’un million €, constituera le point culminant de la vente.