National Gallery : l’entrée coûte 21 millionsLe musée londonien lance un programme de grands travaux pour mieux accueillir ses 4 millions de visiteurs annuels. Et tente de sauver ses Raphaël…
| Raphaël, Vierge aux œillets.
© The National Gallery. |
LONDRES. Charles Saumarez Smith a bâti sa réputation en redessinant l’accès de la National Portrait Gallery, le musée qu’il dirigeait précédemment, ce qui avait permis de doubler la fréquentation (1,2 million de visiteurs en 2001). Ayant déménagé de quelques mètres pour prendre la succession de Neil Mc Gregor, il se lance dans une entreprise similaire : rouvrir l’entrée orientale de la National Gallery, qui n’a jamais été utilisée depuis la construction du bâtiment en 1831. Le projet des architectes Dixon et Jones s’inscrit dans une logique plus large : la partie nord de Trafalgar Square vient d’être rendue aux piétons et Norman Foster a conçu une série de marches monumentales entre la colonne de Nelson et le portique principal. Saumarez Smith veut aller plus loin. Il entend déplacer le cœur du musée vers un patio inutilisé de l’East Wing, qui sera transformé en atrium fonctionnel, menant aux galeries, à la boutique, au nouveau café. Le coût des travaux est estimé à 21 millions £. La famille Getty s’est engagée à apporter une contribution de 10 millions £. Si le budget est réuni, les travaux commenceront à la fin du printemps 2003 et s’achèveront deux ans plus tard. Cette annonce intervient à un moment peu propice : la National Gallery essaie désespérément de réunir les fonds nécessaires à l’achat d’un chef-d’œuvre de Raphaël, la Vierge aux œillets, qui est exposé depuis dix ans dans ses salles. Il appartient au duc de Northumberland, qui a décidé de s’en séparer pour subvenir aux frais d’entretien de sa propriété. Les bruits ont récemment couru qu’il était déjà vendu au… Getty Museum pour 50 milllions $. Mais la direction du musée vient de lancer une offensive pour bénéficier d’une aide de la Loterie du patrimoine (Heritage Lottery). Dans le même temps, les héritiers de Ludwig Mond, un généreux donateur des années vingt, menacent de retirer leurs tableaux. Selon eux, le musée n’a pas respecté la volonté de leur aïeul, qui était de ne pas morceler l’ensemble. Cet accès de mauvaise humeur est pris très au sérieux, surtout si l’on sait que cette collection d’une quarantaine d’œuvres compte une Vierge à l’enfant du Titien, une Sainte Famille de Mantegna et la célèbre Crucifixion Mond de… Raphaël.
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