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Expositions

Un parc Labyrinthus
© Yann Arthus-Bertrand


Une vue d'un autre Labyrinthus
© Yann Arthus-Bertrand


Labyrinthe du Dragon à Graham's Groves, Carmen, Manitoba, Canada
© Adrian Fisher


Labyrinthe de Tulleys Farm, dans le West Sussex
© Adrian Fisher


Le business discret du labyrinthe

Si la fréquentation des jardins suit une courbe ascendante, celle des labyrinthes végétaux connaît une croissance explosive.

Les Anglais raffolaient autrefois de labyrinthes de verdure et leurs jardins conservent les traces de cet engouement. D'une manière générale, les nobles européens aimaient à se perdre dans ces dédales verdoyants, qu'il s'agisse de Stanislas Leczinski à Lunéville ou des Pisani dans leur villa près de Venise. Sur fond de vache folle, d'OGM, de préoccupations environnementales, pourquoi ne pas ouvrir ces labyrinthes au plus grand nombre ? C'est la question qu'ont dû se poser, il y a quelques années, Isabelle de Beaufort et Bernard Ramus, question qu'ils ont su résoudre avec un sens aigu du marketing. Leurs parcs, intitulés Labyrinthus, dont le premier a vu le jour en 1996 en Touraine, ont essaimé dans toute la France. En 5 ans, ils ont attiré plus d'un million et demi de visiteurs.

Impossible de construire ces labyrinthes avec les arbustes traditionnels comme le buis, qui pousse trop lentement. Le coup de génie a été d'utiliser une plante venue d'Amérique - le maïs - et de renouveler chaque année le dessin des labyrinthes, en surfant sur des thématiques en vogue ou des célébrations nationales. Ainsi, cette année est dédiée à l'Amazonie tout comme 2000 avait été le cru Saint-Exupéry. Des tours permettent d'avoir une vue d'ensemble, des musiciens et des acteurs égaient grands et petits, un photographe de renom comme Yann Arthus-Bertrand immortalise des créations appelées à se faner et à disparaître. La fréquentation a crû régulièrement : 85 000 visiteurs en 1996, 200 000 en 1997, 250 000 en 1998, 380 000 en 1998, 400 000 en 2000 et les Labyrinthus sont aujourd'hui au nombre de six dont un en Belgique.

Ramus et Beaufort ne sont cependant pas les seuls pionniers. «Je dessine des labyrinthes de maïs depuis 21 ans, nous explique Adrian Fisher. En 2000, nous en avions 18 à travers le monde. Cette année, on en compte 28 d'Israël aux Etats-Unis, dont 2 en France. L'an prochain, nous arriverons probablement à 45.» Si le paysagiste anglais installé à Portsmouth reconnaît employer 10 personnes dans son agence et recevoir 3 millions de visiteurs annuels, il décline tout commentaire sur le chiffre d'affaires de sa société. «Les labyrinthes ont encore de beaux jours devant eux, prédit-il. Comme au Moyen Age, on en dessine maintenant pour les églises, sur le sol à l'intérieur, comme à Chartres, ou en végétaux à l'extérieur. On les parcourt dans un esprit de méditation. Plus de 150 églises s'en sont dotées aux Etats-Unis récemment.»


 Rafael Pic
24.08.2001