Pompéi, ses ruines, son vin

Il y a deux millénaires, Pline ou Columelle se délectaient du vin produit à Pompéi. Une entreprise vinicole de la province d'Avellino, près de Naples, a eu l'idée - saugrenue ? - de proposer à la surintendance archéologique une nouvelle vendange. «C'est mon père qui a lancé le processus, explique Piero Mastroberardino, président de la société du même nom mais à l'époque, il y a une quinzaine d'années, on ne disposait pas des instruments juridiques permettant à une entreprise privée de gérer une propriété publique. C'est la loi Ronchey, adoptée en 1994, qui a permis de faire avancer le projet.»

Le vignoble que l'on va vendanger aujourd'hui est divisé en 5 parcelles et couvre une surface d'un hectare. La phase expérimentale a débuté en 1996, la seconde en 1998. «Nous avons donc des pieds qui commencent à produire. Nous avons choisi des variétés autochtones, le piedirosso, encore largement utilisé, et le sciascinoso qui a, en revanche, quasiment disparu. Elles ont été choisies après avoir étudié l'iconographie des fresques de Pompéi, qui est très abondante. On y voit avec précision la forme des feuilles et la façon dont sont plantés les pieds. Ils ne sont espacés que de 4 pieds romains, soit à peine plus d'un mètre. C'est un espacement bien plus étroit que dans les exploitations actuelles, où doivent pouvoir passer des machines.»

L'objectif n'est pas tant de retrouver la façon de vinifier des Anciens, qui a été souvent reproduite à titre expérimental, que de redonner en partie au site de Pompéi l'apparence qu'il avait à l'époque. On trouvait alors des vignobles hors de la ville mais également un vignoble urbain dont Pline ou d'autres décrivent avec précision les qualités organoleptiques. Les nouveaux vendangeurs espèrent récolter une tonne de raisin, de quoi produire jusqu'à 600 bouteilles. Mais l'on ne dit rien de la façon dont sera commercialisé le breuvage après ses quelques années de vieillissement en fût de chêne…