| © Thierry Ollivier. |
Selon Jean-François Jarrige, un musée fermé c’est comme une blessure.Le directeur du Musée Guimet se remémore ses premières rencontres avec l’art asiatique.
C’est au Musée des beaux-arts de cette ville que j’ai fait mon apprentissage en matière d’art. Dès l’âge de 10 ans, je m’intéressais aux livres d’art et j’étais très attiré par l’ambiance feutrée des musées. J’ai toujours été frappé par l’écriteau qui, certains jours, interdisait l’entrée du lieu aux visiteurs : «Le musée est fermé». Pour moi, c’était comme une blessure ! C’est dans le bureau du conservateur du Musée des beaux-arts de Saint-Étienne, Maurice Allemand, que j’ai su que je voulais faire ce métier. Je me suis donc empressé d’écrire à l’École du Louvre pour recevoir de la documentation sur le «Concours des élèves agréés». Vers 15 ans, en dehors du Musée imaginaire d’André Malraux, mes lectures s’orientent peu à peu vers l’art asiatique. À travers les notices d’œuvres, le nom du Musée Guimet me devient familier. Il fallait que je visite ce musée… Lorsque je suis arrivé dans la capitale, une autre révélation m’attendait : les cours d’art asiatiques de Philippe Stern à l’École du Louvre. C’était décidé, j’optais pour les arts d’Asie… Pourtant, ma rencontre avec le Musée Guimet allait être différée. À 23 ans, je partais découvrir l’Asie sur le terrain en participant à des campagnes de fouilles au Pakistan. J’y suis resté 35 ans ! En 1975, j’ai été nommé directeur de la mission archéologique française, dont les bureaux se situaient à quelques mètres des réserves du Musée Guimet. J’y passais donc déjà plus de huit heures par jour lorsque l’on m’a proposé le poste de conservateur en 1986. C’était un très grand honneur ! Une fois à ce poste, ma première préoccupation a été de ranger les réserves. Le musée était plus riche que je l’imaginais… Ma seconde priorité fut de remédier à cette frustration d’enfance du «musée fermé» en élargissant les horaires d’ouverture, rendant ainsi accessible au public ce lieu longtemps considéré comme un temple de l’érudition. J’ai toujours tenu à ce que le Musée Guimet soit aussi un centre de recherches pour les conservateurs et les chercheurs. Il a fallu du temps pour donner une nouvelle notoriété à ce lieu. Depuis sa restauration, il fait partie du peloton de tête des musées parisiens.
| Stéphanie Magalhaes 11.12.2002 |
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