Le XVIIIe siècle en trois dimensions

PARIS. Voilà bien longtemps que l’hôtel Drouot n’avait pas accueilli un tel ensemble de sculptures. À en croire les experts du cabinet Lepic & Froissart, la vente se situe dans la droite lignée de la dispersion des collections de Jacques Doucet et de Marius Paulme, en 1912 et 1929. Les cent trente sculptures qui figurent au catalogue constituent en effet une collection d’une rare cohérence, l’essentiel des œuvres étant des terres cuites et des bustes de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Par son caractère exceptionnel, la vente devrait d’ailleurs constituer un test à grandeur réelle et permettre de réévaluer la cote des sculptures anciennes, relativement rares sur le marché.

Houdon, Pigalle et Pajou
Les bustes, généralement estimés autour de 30 000 à 60 000 €, forment une réelle galerie de portraits des personnalités du monde des Lumières. Les traits d’hommes politiques, d’encyclopédistes ou de scientifiques ont été modelés à l’image de ceux de l’architecte Ange-Jacques Gabriel par Jean Baptiste II Lemoyne (45 000 €) ou de l’abbé Nollet, le physicien ecclésiastique immortalisé par Pigalle (45 000 €). Plus intimistes, ceux que Houdon a fait de son épouse et de ses enfants. Les terres cuites, généralement proposées entre 10 000 et 30 000 €, devraient intéresser les collectionneurs, touchés par le caractère esquissé qui peut également fasciner dans des dessins préparatoires. Parmi elles, des portraits, des médaillons, des têtes d’expression, des objets décoratifs ou des projets de monuments. Ainsi, la très belle figure du Caton d’Utique de Clodion, probable esquisse de la statue destinée au palais du Luxembourg (45 000 €), ou le petit groupe de l’artiste néoclassique suédois Sergel, Centaure enlaçant une bacchante (45 000 €) dont le Louvre conserve une seconde version.