Les poulains de Louis CarréPrès de trois mois après son ouverture, l’hôtel Dassault fait son entrée dans la cour des grands avec la collection du galeriste parisien.
| Fernand Léger, Marie l’acrobate,
huile sur toile, signée et datée, 1933,
97 x 130 cm. © Artcurial / Piasa. |
PARIS. La succession d’Olga Carré est annoncée depuis des mois comme l’un des événements majeurs de la saison. La voici enfin arrivée. En trois sessions, Artcurial Briest-Poulain Le Fur, associé pour l’occasion à Piasa, va mettre en vente quatre cent cinquante œuvres principalement datées de la première moitié du XXe siècle. L’ensemble a, bien sûr, valeur de témoignage historique. Les pièces ont été acquises, souvent auprès des artistes, par le second époux d’Olga, Louis Carré (1897-1977), galeriste actif avenue de Messine entre 1938 et 1970 ainsi qu’à New York entre 1949 et 1952. Elles illustrent son engagement auprès de peintres du début du siècle - Matisse, Denis, Maillol ou Bonnard - et auprès d’artistes attirés par l’abstraction, qui ont bravé la censure touchant «l’art dégénéré» sous l’Occupation ou ont produit après-guerre : Bazaine, Estève, Hélion, Herbin, Lapicque, Lanskoy, de Staël, Villon…
Dufy et Léger
C’est autour de Dufy et de Léger que se cristallisent certaines des œuvres les plus attendues. Lorsqu’il commence à collaborer avec Louis Carré, en 1941, Raoul Dufy est encore porté par le succès de la Fée électricité présentée dans le cadre de l’Exposition internationale de 1937. La cinquantaine d’œuvres graphiques et picturales conservées par le galeriste retracent les quinze dernières années de l’artiste décédé en 1954. On y trouve des toiles appartenant à la série des Ateliers de Perpignan et des Quintettes ainsi que l’étonnant Moulin de la galette, dans lequel le peintre réinvente la composition impressionniste de Renoir (1 million €). À l’inverse, les principales œuvres de Fernand Léger mises en vente sont antérieures à l’activité de Louis Carré. Parmi celles-ci, on compte Le Disque rouge, une toile de la période mécaniste, La Composition à l’escalier, symbole de l’engagement de Léger en faveur du modernisme architectural (1 million €), et Marie l’acrobate, l’une de ses nombreuses toiles inspirées par le thème du cirque (1,4 million €).
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