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Aveux de Stani Nitkowski

Le journal de l’expressionniste paraît, un an après son suicide. Où l’on s’aperçoit que le peintre était aussi un poète.

«J’ai en émoi des tournesols adorés, des oracles funestes, des soleils amants» : en ces termes, un grand dessinateur s’exprime. C’est à un fascinant journal, emmêlant les mots et les formes, les phrases et les figures, tracés à l’encre de Chine par une plume enthousiaste, qu’il confie, sept ans durant, ses émois, ses colères et sa foi. Avec quel talent ! Stani Nitkowski, cloué dans un fauteuil roulant par une myopathie dès l’âge de 23 ans (en 1972), fut longtemps condamné à vivre dans la soupente d’une maison familiale, dont il ne parvenait à s’évader qu’en peignant. En souvenir de cette époque, il a baptisé son journal La Mansarde à lucarne magique. C’est le fac-similé de ce manuscrit qui est publié à présent, tandis que se déroulent à Paris deux expositions rétrospectives de l’œuvre de Nitkowski, au Musée d’art naïf Max Fourny et à la galerie idées d’artistes.


Être valide, et non peintre...
Ni morbide, ni obséquieuse, cette publication des confidences d’un futur suicidé, préfacée par la veuve de l’artiste et par l’un de ses plus fidèles amis, Jean-Marie Drot, donne une leçon de courage, à travers un festival de pensées, de désirs, de colères, de rêves et aussi d’espoirs, admirablement formulés. «Évidente envie de parcourir l’univers»... L’auteur évoque ses souvenirs, ses confessions catholiques, ses nuits amoureuses, ou encore ses rencontres avec des critiques d’art qu’il juge zoologues ou zoophiles. Pour mieux dire ce qu’il a à dire, il invente une typographie enluminée, à laquelle les ratures participent pleinement. «Pour les silencieux anarchistes fauchés dans leur splendeur en devenir», Nitkowski écrit aussi de belles histoires de remparts et d’entrailles. «J’ai raté ma vocation, j’aurais dû être valide, et non peintre», affirme-t-il. Avant de conclure que «la loi du plus mort est toujours le veilleur».


 Françoise Monnin
09.12.2002