Soulages le bel âgePour la première fois depuis dix ans, le peintre présente ses œuvres récentes dans une galerie parisienne.
| Soulages devant l’une de ses
toiles le soir du vernissage.
© Françoise Monnin. |
PARIS. Un service d’ordre digne d’un chef d’État, avec filtrage soigneux des invités et gardes du corps, afin de tenir à distance groupies et photographe : le vernissage de la nouvelle exposition Soulages a été impressionnant ! Entre les plateaux de flûtes à champagne et les brochettes de crevettes à la menthe (Fauchon), le maître octogénaire a circulé, parmi plusieurs centaines d’invités, triés sur le volet. Aux murs des trois salles, seize toiles de grands formats, toutes réalisées en 2002, toutes titrées Peinture, selon le mot unique adopté par Soulages il y a maintenant plusieurs décennies, pour nommer ce qu’il fait. Que de noir, que de noir... Quelle élégance, aussi. Comparées aux œuvres de ces dernières années - notamment présentées en 2000 au Musée des abattoirs de Toulouse et en 2002 dans les galeries de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg -, les pièces exposées à Paris introduisent quelques variantes, quelques effets, parmi les aplats brillants. Ainsi, l’épaisseur est soulignée, ici, par un jeu de stries profondes, révélant la sensualité de la matière, là, par un travail sur bois, contrecollé sur toile. Des manques laissant sourdre la virginité de la toile, juste enduite de blanc, sont ménagés, et parfois l’utilisation d’une couleur bleue, profonde, rehausse la densité des plages noires. L’ensemble, furieusement décoratif, dégage un parfum mystique. «Il s’agit de miroirs», affirme Soulages. De mandalas occidentaux, de pierres tombales, aussi, s’inscrivant dans la tradition du deuil propre aux artistes européens de l’après- guerre. On a tout (et rien) écrit, à propos de l’œuvre de celui que l’on considère désormais comme le plus radical des peintres abstraits français, à l’égal de Newman pour les Américains. Reste à s’émerveiller de sa cohérence et de sa longévité.
| Françoise Monnin 07.12.2002 |
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