Franz Xaver Messerschmidt, tête issue de la série Têtes de caractère.© Österreiches Galerie Belvedere.
Franz Xaver Messerschmidt, tête issue de la série Têtes de caractère.© Österreiches Galerie Belvedere.
| | Messerschmidt, un homme de caractèreLe Belvédère expose l’œuvre très contemporaine de ce sculpteur allemand du XVIIIe siècle.
VIENNE. Aucun visiteur ne peut rester de marbre tant il apparaît évident que Franz Xaver Messerschmidt était un artiste hors norme. Les huit grandes salles du Belvédère inférieur, aux murs couverts de miroirs et de marbres, abritent actuellement une très complète exposition des œuvres du sculpteur allemand - mais dont l’activité artistique se passa essentiellement à la cour des Habsbourg -, connu pour sa fascinante série de Têtes de caractère - représentant soixante-neuf souffrances différentes de l‘homme. La présentation commence comme la vie de l’artiste : de façon très classique. Lorsque le jeune Franz Xaver débarque à 24 ans à la cour de Marie-Thérèse, il ne fait que reproduire avec une main habile ce que ses maîtres lui ont enseigné : des bronzes monumentaux des grands personnages de la cour (dont Marie-Thérèse et son mari Franz). Il se fait remarquer, acquiert une solide réputation, rencontre presque la gloire. En 1769, le voilà nommé professeur de sculpture à l’Académie des beaux-arts de Vienne.
Atteindre le chiffre mythique...
Soudain, changement. En 1770, les premiers signes d‘une maladie psychique commencent à apparaître. C‘est le début de sa déchéance (excentrique, irascible, il se fait évincer de l‘Académie en 1774), mais aussi de sa phase créative réellement intéressante. Inspiré par les idées de son ami médecin et faiseur de miracles, Franz Anton Mesmer, Messerschmidt entreprend sa fameuse série de têtes, dont il en voulait cent, chiffre mythique qu‘il aurait atteint, si une pneumonie ne l‘avait emporté en 1783. Le Belvédère en montre une quarantaine, en provenance d‘une dizaine de pays. Pour ceux que cela amuse - et ils sont toujours très nombreux - de voir en des artistes des siècles anciens des précurseurs de l‘art le plus contemporain, Messerschmidt convient à merveille : il mêle art sériel et esthétique de l’obsession, deux aspects fondamentaux de l’art du XXe siècle.
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