Les lignes de WeinbergerFidèle au mélange des genres, Jean-Jacques Dutko expose un créateur new-yorkais contemporain au milieu des meubles Art déco.
| Edward Weinberger, table cubist-
constructivist, 1988, wengé
et bronze, 77 x 45 x 45 cm.
© Galerie Jean-Jacques Dutko. |
PARIS. C’est le résultat d’un long travail que présente actuellement la galerie Jean-Jacques Dutko. «Dix-huit ans et dix-huit meubles !» constate Edward Weinberger avec un sourire. À soixante ans, ce New-Yorkais a consacré sa «première vie» à l’enseignement des mathématiques et au commerce international. Le design, il y est venu comme à un défi, après avoir appris il y a une vingtaine d’années qu’il était atteint de la maladie de Parkinson. Une bravade d’autant plus forte que les meubles qu’il dessine longuement, mûrissant la ligne de leurs moindres détails, exigent de véritables prouesses pour leur exécution… À un point tel qu’il a dû essuyer bien des refus avant de dénicher dans le New Hampshire un ébéniste qui accepte de se lancer dans l’aventure : Scott Schmidt. Cette passion de la belle ouvrage n’est pas sans évoquer celle des maîtres de l’Art déco que le galeriste présente aux côtés de Weinberger : le goût de l’asymétrie rappelle Sornay, l’association des bois précieux, du bronze et du parchemin, Dupré-Lafon…
Du mécanique à l’organique
Le travail de Weinberger ne peut pourtant être taxé de passéiste tant il est en constante évolution. Autour de 1990, c’est la fascination pour la notion de transparence qui lui a servi de moteur. La structure des meubles d’alors se dévoile entièrement, comme celle d’un bureau Cubist-constructivist dont les tiroirs sont visibles sous tous leurs angles. Quant aux meubles mécanistes de la même période, ils sont savamment articulés à l’image de la table Tension rod dont les panneaux en bois de wengé contrastent avec des baguettes en acier aux lignes fuselées, maintenues dans un jeu de tension et de compression. Depuis lors, ces constructions d’ingénieur, toutes en angles, ont cédé la place à des meubles étonnants, aux formes presque organiques. Les courbes ont fait leur apparition, dessinant le piètement du bureau Arch Bridge ou du petit Scizzor bench qui peut à la fois faire office de table et de tabouret. L’exposition de ces pièces, mises en vente entre 12 000 et 85 000 €, s’achève sur un prototype, le Snooping bench, avec laquelle Weinberger compte amorcer une nouvelle ligne…
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