David Liot, conservateur en chef du Musée des beaux-arts de ReimsÀ l’occasion de la remise en valeur de la collection du musée, David Liot évoque un tableau de Moreau de Tours qui aborde le thème de la folie.
| © Musée des beaux-arts de Reims. |
J’aime ce tableau, acheté par la ville de Reims en 1890, qui était l’une des œuvres importantes de l’exposition «L’âme au corps : arts et sciences 1793-1993», présentées au Grand Palais en 1993. Il dépeint la folie au XIXe siècle, un sujet qui hante les artistes depuis toujours. On sait qu’à cette époque, les artistes étudiaient la phrénologie et s’intéressaient au mesmérisme. À travers Les Fascinés de la Charité, Moreau de Tours représente l’hystérie d’une façon assez naturaliste : il s’agit d’une scène d’hôpital où les femmes sont les malades et les hommes les médecins. L’artiste représente la folie à différents stades. La jeune femme à droite, tétanisée sur son siège et dont le corps se recroqueville, exprime l’aboutissement de la maladie. Ce tableau rappelle que de nombreux scientifiques ont cherché à percer le mystère de l’inconscient. Je pense notamment à Freud et Charcot qui allaient enrichir leurs connaissances dans les hôpitaux parisiens. Au début de ce siècle, on s’intéresse beaucoup à la névrose et, comme en témoigne ce tableau, la femme devient peu à peu, dans l’art, une créature inquiétante.
| Christel Pigeon 17.12.2002 |
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