Louis Leopold Boilly, La salle du jeu de paume (détail), huile sur toile, collection particulière
© RMN
| | À Fontainebleau, on épate la galerieLa langue française garde encore les signes du goût pour le jeu de paume même s'il ne reste que peu de salles. Le château de Fontainebleau a récemment restauré la sienne.
Tout au fond de la cour du Cheval Blanc du château de Fontainebleau s’élève un bâtiment rectangulaire à la façade presque aveugle. Derrière la porte, en gravissant quelques marches, une longue galerie s’ouvre sur l’une des plus anciennes salles de jeu de paume encore en activité en France. C’est de là que les spectateurs abrités appréciaient et apprécient à nouveau les coups des joueurs...
Quelles sont les grandes lignes de l’histoire de cette salle ?
Yves Carlier, conservateur du musée du château de Fontainebleau . La salle du jeu de Paume du château a été construite en 1601 par Henri IV. Après que la charpente et les parties hautes eurent brûlé en 1702, elle a été reconstruite en 1732 par Louis XV. Par la suite, elle a été restaurée en 1812 par Napoléon Ier. Jusqu’en 1914, elle a été utilisée comme telle mais pendant la Première Guerre Mondiale, elle a servi de salle de physiothérapie et par la suite, elle a accueilli les masters et les concerts des écoles d’art américaines. C’est ainsi que Ravel, Rubinstein ou Menuhin y sont passés. En 1988, la salle a retrouvé sa destination d’origine. Des passionnés de la paume nourrissaient le rêve de venir jouer dans cette salle et ça a fonctionné !
Quelles ont été les recherches préalables à la restauration ?
Yves Carlier. À l’origine seules les toitures devaient être refaites mais Jacques Moulin, l’architecte en chef des monuments historiques en charge de la Seine-et-Marne, a décidé d’en profiter pour revenir à un état historique. Comme il était impossible de remonter plus avant, on a décidé de revenir à celui de 1812. J’ai donc mené des recherches à la Bibliothèque Nationale de France, aux Archives Nationales ou aux archives du château pour déterminer cet état. Les devis des travaux de 1812 sont particulièrement précieux car l’administration des bâtiments du roi était très pointilleuse. Les ouvriers étaient payés au mètre de peinture et ils devaient, par exemple, noter le nombre de carreaux peints au sol, sous le contrôle d’un réviseur. Pour compléter ces données, des sondages ont été effectués in-situ pour recomposer les couleurs d’origine. La seule inconnue était la couleur du sol. Traditionnellement, les sols des salles de paume étaient teints en rouge. On a donc opté pour cette couleur. Au moins, si c’est une erreur, ce n’est pas une hérésie !
Comment a été menée cette campagne de restauration ?
Yves Carlier. La salle a fermé en automne 2000 et elle a réouvert au mois de septembre. Jacques Moulin a suivi ces données tout en s’attachant à ce que la restauration soit compatible avec les exigences d’un lieu de compétition. C’est ainsi que Fontainebleau peut accueillir actuellement les Open internationaux de France de paume. Ce qui est exceptionnel c’est que cette salle est l’une des rares anciennes à être encore en activité. À Versailles, Compiègne, aux Tuileries ou sur l’île Saint Louis, les salles ont été réhabilitées, transformées en théâtres, en hôtels ou en lieux d’exposition... Ici, tout un chacun peut visiter la salle ou même prendre rendez-vous avec le paumier pour une petite initiation.
|