Appelez-moi PhidiasJusqu’où peut aller le goût de la mystification ? Très loin comme vient de l’apprendre, à ses dépens, le quotidien belge De Morgen.
La révélation était, il faut le dire, croustillante. Elle a eu les honneurs de l’édition du 2 décembre. Voici les faits. Selon un professeur d’Oxford, Rex Tooms, Phidias, le sculpteur des frises du Parthénon, était d’origine anglaise. Fils d’un éleveur d’ânes du Dorset, il aurait cherché à s’employer, au Ve siècle av. J. - C., sur le chantier du Parthénon et aurait grécisé son nom pour mieux s’intégrer dans le monde des artistes athéniens. C’est en menant des fouilles dans une villa près d’Athènes, l’été dernier, que le professeur Tooms aurait découvert des indices irréfutables : des sandales en parfait état de conservation et un vase en terre cuite sur les parois duquel Phidias raconte son histoire.
C’est fort de ces révélations - poursuit l’article - que le mandarin d’Oxford demande le retour de l’ensemble du Parthénon en Angleterre, où il pourrait être intégré à un centre commercial dans les Midlands, pour redynamiser le tissu urbain. Les dénégations du ministre grec de la Culture, Fredi Mercouri, n’ont eu aucun effet sur les fonctionnaires enthousiastes du British Museum, qui ont déjà inscrit en lettres rouges, au dos de la frise, «Made in England» et demandent qu’elle soit rebaptisée «Frise Davies». Le quotidien en langue flamande s’est aperçu trop tard que la source des informations était peu fiable. Il s’agit en l’occurrence d’artknows.com, un site internet au goût marqué pour le burlesque. Ce même organe annonce en page de garde que les maisons d’enchères provinciales anglaises ont renommé les meubles anciens pour faire face au «défi Ikea». Les tables Regency sont désormais des «Fnek» et les buffets victoriens des «Borkaby». Une information que le Moniteur des ventes s’est hâté de ne pas rapporter…
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