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Pierre Cornette de Saint-CyrLe commissaire-priseur se remémore avec émotion l’année 1971 et ses premières ventes.
J’ai fait des études d’ingénieur et de droit. Un jour, un de mes amis m’a parlé d’un commissaire-priseur, et, tout à coup, je me suis dit que c’était le métier que je voulais faire. À l’époque, j’étais d’une timidité inimaginable. L’idée de monter sur scène, qu’il y ait des gens qui vous regardent en attendant que vous fassiez quelque chose, me terrorisait. Les dix jours qui ont précédé ma première vente furent un cauchemar. Il s’agissait de la succession du théâtre Hébertot. Il y avait beaucoup des photos, quelques tableaux, quelques meubles. C’était une petite vente, mais ça ne changait rien au trac. Alain Delon m’avait envoyé Mireille Darc, qui m’avait apporté mon premier marteau et une lettre dans laquelle l’acteur m’annonçait qu’il ne pouvait pas venir, que j’allais avoir le trac mais que je verrais à quel point le trac donne de l’énergie, et que plus tard je transformerais le trac en plaisir. J’avais le vertige. Je ne voyais absolument pas ce qui se passait dans la salle. De temps en temps, Claude, mon crieur, donnait des coups de pied dans l’estrade et me soufflait «Adjugé» ! Pendant toute la vente, j’ai essayé de voir ce qui se passait dans la salle, et, peu à peu, j’ai repéré les enchères. Maintenant, c’est tout le contraire, je ne suis hypnotisé que par les enchères, la salle, je ne la vois pas.
Une bombe !
Lors de ma première vente au Musée Galliéra, qui était alors une salle de ventes de prestige, il m’est arrivé toute une histoire. J’étais très impressionné par la salle qui était immense. Sur ma table, j’avais disposé le catalogue et un stylo à bille rouge pour noter, au fur et à mesure, les prix des ventes. Je déplaçais machinalement le stylo vers ma gauche et à un moment j’ai donné un coup de marteau dessus. Comme je tapais très fort à l’époque, le stylo a explosé. Il y avait du rouge partout. Sur le procès verbal, sur les personnes assises au premier rang, sur mes vêtements... Une bombe, je vous dis ! Je me suis excusé, et j’ai continué.
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