La Ruche bourdonne encoreLe lieu mythique, qui a accueilli Chagall, Modigliani ou Léger, fête son centenaire.
Alfred Boucher, sculpteur mondain comblé, décide en 1902 de construire la Villa Médicis de ses rêves pour aider les jeunes artistes. Il achète un terrain à Vaugirard - 5000 m2 pour 5000 F - et y installe sa Ruche, ainsi baptisée en raison de la forme octogonale du pavillon qu’il a récupéré de l’Exposition universelle de 1900. Le phalanstère devient le refuge d’artistes venus pour la plupart de l’Est (Archipenko, Brancusi, Chagall, Soutine, etc.). En ces temps de vaches maigres, tous n’en gardent pas un souvenir impérissable. Le succès venu, ils ont tôt fait de quitter ces ateliers insalubres et spartiates. Menacés de destruction en 1955 et en 1966, lors d’opérations de lotissement qui prétendent moderniser et assainir le quartier, plusieurs bâtiments sont sauvés puis restaurés grâce à l’intervention d’André Malraux. Classée en 1972, la Ruche abrite toujours ses «abeilles» au sein d’un îlot de verdure où perdure l’esprit communautaire.
De Chagall à Lagautrière
Le livre vaut pour sa richesse iconographique et pour la quantité d’anecdotes qui font revivre un lieu fascinant, tout aussi bourdonnant de créativité que le Bateau-Lavoir. On y croise Chagall, revenu de Russie, découvrant que ses toiles servent de toit au poulailler, Modigliani vendant ses croquis pour aider de quelques pièces ses amis ou le tailleur de la place de la Madeleine, Joseph Bianchi, venant y faire emplette de tableaux. Ou Diego Rivera et Marevna y abritant leur inspiration et leurs amours. Que devient la Ruche ? Les artistes continuent d’y travailler. Après Rebeyrolle dans les années cinquante, Arroyo ou Philippe Lagautrière ont aujourd’hui repris le flambeau.
| Nolwenn Chauvin 20.12.2002 |
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