| © Niklaus Stauss. |
Harald Szeemann, commissaire d’expositionÀ l’occasion de son passage à Paris, Harald Szeemann nous confirme qu’il ne manque pas de projets…
Que pensez-vous du nouveau phénomène «Biennale» ?
Harald Szeemann. Il est vrai que depuis quelques années, les biennales se multiplient dans tous les domaines : arts décoratifs, design, architecture. Après le commissariat de la Documenta de Kassel (1972), la création du pavillon suisse de l’exposition universelle de Séville (1992) et la direction de la Biennale de Venise (1999 et 2001), je commence à bien connaître les problèmes qui se rattachent à ce genre d’événement. Les professionnels se demandent aujourd’hui si ces manifestations n’occupent pas une place exagérée sur le marché de l’art. Personnellement, je n’en suis pas persuadé. Les galeries offrent à leur clientèle une continuité et une constance que les biennales ne peuvent proposer, compte tenu de leur périodicité. Il doit y avoir un respect mutuel entre les deux.
Quels sont vos futurs projets ?
H. S. Je travaille actuellement à un projet d’exposition balkanique pour mai prochain à Vienne. J’ai appris que le mot «Balkans » signifiait «sang et miel». C’est à partir de la résonance de ce titre que j’ai commencé à y réfléchir. Les pays qui se battent pour entrer dans l’Union européenne m’intéressent : la Bosnie, la Croatie, la Slovénie sont très dynamiques en matière de création. Dans cette présentation, les artistes des Balkans montreront comment ils digèrent leur histoire à travers leur art. Parmi mes autres priorités, une exposition de sculptures sur le lac Majeur et peut-être me laisserai-je tenter par un autre thème qui me tient à coeur : «La Grande Maman». En 2004, l’Espagne aura ma préférence. Après l’exposition «La beauté de la faillite» pour la fondation Miró de Barcelone, je me laisserai porter par une chanson de Camarón de la Isla au couvent des Chartreux de Séville. Aux Affaires étrangères de Madrid, je me permettrais un jeu de mot sur le «Viaje Real» de Christophe Colomb avec une douzaine d’artistes espagnols. Enfin, en 2005, le Musée de la Reina Sofia m’a demandé d’inaugurer les nouveaux bâtiments de Jean Nouvel par une exposition d’art contemporain.
Et la retraite, c’est pour quand ?
H. S. Je ne peux pas m’arrêter. Au début des années 1970, j’ai refusé d’être dépendant d’une quelconque institution. Aujourd’hui, il faut que j’assume cette décision. Comme dirait Jacques Tati «Quand la santé va, tout va»…
| Stéphanie Magalhaes 20.12.2002 |
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