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Expositions

Line Vautrin, un charme énigmatique

L’Arc en Seine expose les premiers succès de la créatrice de miroirs «sorcière» et «soleil» : les exquises boîtes Rébus.


Line Vautrin, L’Anémone et l’Ancolie,
boîte en bronze doré, poème de G.
Apollinaire, c. 1950, 11 x 8,5 x 3 cm.
© L’Arc en Seine.
PARIS. «Allez, laissez couler les jours, allégez-les, l’amour est un lait de beauté», «L’oisiveté est mère de tous les vices», «Petit poisson deviendra grand»… Voici un petit florilège des formules dont Line Vautrin (1913-1997) a ponctué ses bijoux et ses boîtes. Dès le milieu des années 1930, cette fille d’une famille de fondeurs du faubourg Saint-Antoine, donne libre cours à sa créativité. Manquant de moyens financiers et familière des techniques du bronze, elle crée des modèles de plâtre puis, au gré des demandes de ses clientes, fond, cisèle, dore et émaille ce parent pauvre de la bijouterie. Sous les doigts de celle que Vogue qualifie après-guerre de «poétesse du métal», naissent ainsi des objets fantaisistes. Loin des influences modernistes qui dominent la joaillerie d’alors, elle donne à ses poudriers une silhouette foliacée ou constitue un bracelet «Petit Poucet» en articulant autour d’une silhouette trois rangées de petits osselets aux décors symbolisant la forêt et les petits cailloux déposés au sol par l’enfant…

Spirales et torsades
À ce jeu des formes s’ajoute celui des mots. Si ce n’est une prière de saint François d’Assise, c’est un vers de Verlaine ou un poème d’Apollinaire qui se développent en registres sur les précieuses boîtes. Des verbes synonymes - enrouler, spiraler, courber, vriller - font écho à la forme torsadée du bracelet torque qu’ils marquent. Sans oublier les rébus poétiques qui ajoutent la curiosité au plaisir esthétique. Mises en valeur par une présentation d’une grande sobriété, ce sont plus d’une centaine de ces pièces des années 1940 et 1950 qui sont actuellement proposées à la galerie L’Arc en Seine, pour des prix compris entre 2 500 et 8 500 €, en fonction de leur rareté. Un vrai délice de poésie.


 Zoé Blumenfeld
14.01.2003