Carnac, vers un nouvel équilibreJean-Jacques Aillagon renonce au projet de réaménagement «autoritaire» qui avait fait des vagues et prône la concertation.
CARNAC. Le 28 décembre dernier, profitant de ses vacances sur la presqu’île de Quiberon, Jean-Jacques Aillagon s’est rendu sur le site voisin de Carnac. Au lendemain de cette visite, il a décidé de suspendre l’application du projet d’aménagement proposé par les Monuments historiques et déclaré d’utilité publique en 1997. Ce faisant, il a précipité une annulation qui aurait pu être formulée par la cour administrative d’appel de Nantes en ce début de mois de janvier, le commissaire du gouvernement ayant estimé que les transformations envisagées violaient la loi littorale. Pour mettre en valeur le site, le projet évalué à 16 millions € proposait en effet la déviation d’une route vers la côte ainsi que la création d’une zone protégée par expropriation de maisons riveraines, la construction d’un grand parking et d’un hall d’accueil de 1600 m2.
Apaiser les opposants
Cette décision arrive à point nommé pour calmer les esprits échauffés des opposants au projet «Menhirland». Ces derniers, groupés au sein du collectif hétéroclite Holl a gevred («tous ensemble», en breton), point de rencontre des défenseurs de l’environnement et de l’identité bretonne, avaient fait entendre leur voix à la fin du mois d’août dernier. Pendant une quarantaine de jours, ils avaient ainsi occupé le belvédère de Kermario, le bâtiment d’accueil du site, afin de «libérer» les menhirs. Les grillages qui entourent depuis dix ans les trois principaux alignements - ceux du Menec, de Kermario et de Kerlescan - afin de protéger les mégalithes des problèmes de déchaussements liés à la fréquentation touristique, avaient ainsi été ouverts. Cette occupation s’était achevée le 5 octobre par une manifestation dénonçant les expropriations prévues par le projet…
Une nouvelle copie pour mai 2003
Ne remettant pas en cause l’urgence d’un réaménagement, qui doit notamment permettre d’assurer l’inscription des alignements de Carnac au patrimoine mondial de l’Unesco, Jean-Jacques Aillagon souhaite qu’un nouveau projet lui soit remis avant le mois de mai prochain. Tout en améliorant la présentation des monuments et l’accueil des visiteurs, il devra prendre en compte l’ensemble du site mégalithique, ce qui inclut les zones plantées de pins et le bâti rural existant. Au premier rang de ce dernier, la métairie des époux Mary : trois petites maisons vieilles de plus de deux siècles et véritable bastion de l’association Menhir libres, l’un des membres du collectif Holl a gevred. Une consultation doit être engagée sur ces bases entre l’État, les collectivités locales et les associations. Mais, comme dans tout monument historique, l’équilibre entre préservation et exploitation risque d’être difficile à trouver.
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