La dictature de l'imageDans son recueil d’articles parus de 1996 à 2001, Rick Poynor dresse un portrait acerbe de la communication visuelle.
Divisé en deux parties - «Publicités pour une utopie» et «Le même résistant», où le terme «même» signifie «unité de transmission culturelle» -, La Loi du plus fort ausculte d’abord le degré de compromission du design avec le monde commercial avant de revenir sur les ripostes qu’ont pu engager des créateurs et des groupes. «On croit plonger directement dans le «contenu» du magazine, de la pub, de la sauce spaghetti ou du parfum, mais le contenu est toujours amené par l’intermédiaire du design, et c’est le design qui oriente notre perception et notre sensation», écrit, de manière très explicite, Poynor, critique de design à Eye et au Financial Times. Une vision critique et élargie du design, puisqu’elle intègre aussi bien les «magalogues», catalogues déguisés en magazines qu’éditent les grandes firmes internationales, le «muzak», la programmation musicale connue de tous les shoppers du monde, que la vogue de la pornographie, soit autant de «mythologies» contemporaines qui évoquent celles analysées par Roland Barthes. Mais, pour l’auteur, il s’agit surtout d’appeler la communication visuelle à retrouver un sens critique. Du graphisme punk et post-situationniste à l’ironie anti-commerciale de créateurs techno, Poynor revient sur diverses stratégies de résistance à la pollution de la signification. Un ouvrage de référence dans la compréhension de la société de l’image, même si on se met à regretter que l’auteur - à l’exception d’une brève analyse sociologique des photographies de Martin Parr - ne se soit pas davantage interrogé sur la contamination que subit la sphère de l’art.
| Frédéric Maufras 21.01.2003 |
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