Les surréalistes sur le podium

Beaubourg reste une valeur sûre. Toujours à la mode, «La Révolution surréaliste» a attiré 450 000 personnes - autant que «Deir el-Medineh» au Louvre -, un chiffre qui laisse présager de l’intérêt que suscitera la vente Breton en avril prochain. L’approche minimaliste de Buren pour son exposition a attisé la curiosité de 200 000 personnes. Pourtant peu connu en France, Beckmann remporte un succès légitime avec 260 000 visiteurs. «Otto Dix» (15 janvier-31 mars) devrait profiter de ce regain d’intérêt pour l’avant-garde allemande. Le bilan du Grand Palais reste mitigé : en dehors de «Matisse-Picasso» (cf. article ci-dessus), «Constable» comptabilise 200 989 entrées et «Chassériau» n’a pas dépassé les 100 000 entrées. Comment expliquer que la très riche présentation des «Arts décoratifs sous Louis XIII» ait également été négligée (66 029 entrées), alors que les «Azulejos» à l’Hôtel de ville, a enregistré 43 510 entrées ? À Orsay, le duo «Manet-Vélasquez» (422 278) a largement dépassé «Mondrian» (217 604).

Décevante saison tchèque
La reconversion du Jeu de Paume en haut lieu de la photographie à Paris devrait donner un coup de fouet à ce médium qui est resté très discret, à l’exception de «Corpus Christi» (17 500 entrées) et «Arnold Newman» (15 700 entrées) à l’Hôtel de Sully. Une des déceptions de l’année vient de Bohemia Magica. «Lumières et ténèbres» à Lille n’affiche qu’une fréquentation de 20 197 entrées, «Praga Magica», à Dijon, près de 15 000 et «Bilek» environ 5 000. Les Braque et les Picasso de la collection Kramar, dont le gouvernement tchèque a interdit le déplacement, auraient sans doute donné une tout autre dynamique à la manifestation.

Des surprises…
Le Musée des arts d’Afrique et d’Océanie ferme ses portes sur «Boubous», «Photos Mali» et «Kodiak» (106 697 entrées) alors que le Musée des arts et traditions populaires a attiré moins de 20 000 visiteurs sur le thème des «Héros populaires de l’Europe». Parmi les bonnes surprises de cette année, les mangas de Murakami semblent accéder au rang d’œuvres d’art à la fondation Cartier (78 000 entrées) et les jardins médiévaux remportent un vif succès au Musée de Cluny (105 677 entrées). En province, certaines expositions créent la surprise : «Sisley» à Lyon (110 133 entrées), «Tàpies» à Antibes (80 000 entrées), «Les cieux en gloire» à Ajaccio (40 700 entrées) et «Van Gogh vu par Bacon» à Arles (34 737 entrées). Après un bon score (91 524 entrées) enregistré à Nice, les terres cuites des della Robbia arrivent à Sèvres, auréolées de leur succès à Nice. Paris aura du mal à égaler la province. De la décentralisation appliquée aux grandes expositions…