Laure Adler, directrice de France Culture

Lundi 27 janvier. La veille, je serai revenue du septième salon du livre de Tanger, où j'aurai animé un débat sur le thème «Écrire l'avenir à la lumière de l'histoire», réunissant notamment Marc Ferro, Andreï Makine et Elias Sanbar. Aujourd'hui, nous lançons une série ambitieuse à France Culture. Le collège unique est remis en cause ; nous nous installons donc pendant une semaine entière au collège Rosa Luxembourg, à Aubervilliers. Nous y recueillerons les propos des élèves, du corps enseignant et du personnel administratif.

Mercredi 29 janvier. Je vais au théâtre du Lucernaire voir Lettre ouverte à Renée Saurel, de Daniel Emilfork.

Jeudi 30 janvier. Je serai peut-être à Prague. Nous travaillons depuis des mois sur une interview de Vaclav Havel, qui quitte le pouvoir le 2 février. J'espère qu'elle pourra avoir lieu malgré ses problèmes de santé. Sinon, comme nous avons eu cette année une énorme rentrée théâtrale et comme je n'aime pas aller aux premières - c'est très mondain et les comédiens ne sont pas forcément au meilleur de leur forme - j'essaierai d'aller voir une des dernières de La mort de Krishna, de Peter Brook, aux Bouffes-du-Nord.

Vendredi 31 janvier. Depuis le début de l'année, une fois tous les quinze jours, je prends avec moi ma petite-fille pour soulager la crèche, qui a demandé cet effort aux grands-parents. Elle viendra avec moi à France Culture.

Samedi 1er février. Au théâtre d'Aubervilliers, j'assiste à un débat, ponctué par l'intervention de jeunes qui font de la musique, sur l'expérience d'enseignants sur le problème, entre autres, de l'égalité des chances - enseignants qui sont toujours amoureux de leur métier. Nous avons invité Luc Ferry, Michel Onfray, Marcel Gauchet. Pour les expositions, c'est comme pour le théâtre, je ne suis pas fanatique des vernissages. J'essaierai donc de voir Malevitch au Musée d'art moderne ou Otto Dix à Beaubourg, qui ont déjà ouvert. Je suis allée aux rétrospectives Max Beckmann et Matthew Barney juste avant la fermeture. Beckmann m’a fait réfléchir à la manière dont des artistes comme lui ont pressenti l’avènement du racisme. Quant à Barney, c’est une véritable révélation. Lors de mes prochains déplacements en province, j'ai prévu d'aller aux expositions consacrées à Pierrette Bloch, au Musée Picasso à Antibes, et à la Nouvelle objectivité, au Musée de Grenoble.

Dimanche 2 février. Ma participation à l'association des amis des bistrots me prend du temps. Mais j'en conserve bien sûr pour la lectures. Parmi les ouvrages que j'ai appréciés récemment, j'ai envie de mentionner le Traité des sensations de Jean Clair, qui est sorti dans un isolement incroyable.