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Musées

Eindhoven, au-delà du football

Le Musée Van Abbe, l’une des plus belles collections d’art moderne du pays, vient de rouvrir, après dix-huit mois de travaux.


Salle El Lissitzky
© Van Abbemuseum.
EINDHOVEN. Offerte en 1936 à la ville par le magnat du cigare - et grand amateur d’art - Henri Van Abbe, la collection s’est enrichie au fil des ans et compte aujourd’hui plus d’un millier de pièces, parmi lesquelles figurent Hommage à Apollinaire de Chagall (1921), des œuvres de Lissitzky, Moholy-Nagy, Beuys, Horn, etc. Les travaux, qui ont coûté 29 millions € (financés à 85% par la ville), ont permis de quadrupler la surface d’exposition, soit 4 000 m2 aujourd’hui. Cela ne permet pas de tout montrer mais Jan Debbaut, le directeur, envisage de changer la présentation deux fois par an pour permettre au public d’embrasser la pluralité et la richesse du fonds. L’architecte hollandais Abel Cahen - né en 1934, il a déjà réalisé le Musée historique juif d’Amsterdam - a su réaliser un édifice qui se raccroche à l’ancien sans le renier (il a notamment conservé l’entrée d’origine) et concevoir, en même temps, un outil fonctionnel qui inclut une bibliothèque de 120 000 titres, un restaurant et une salle de conférences. La belle mise en lumière des œuvres d’art s’accompagne d’un travail de volumétrie subtil, concentré dans la tour centrale de 27 mètres de haut. Là, des artistes sont invités à réaliser in situ des œuvres éphémères. Douglas Gordon, le premier de la liste, y a créé un labyrinthe de phrases-clichés. Les salles sont toutes différentes, par leur taille, leur orientation, leur dispositif d’exposition, d’où l’intérêt du lieu. À l’extérieur, les façades affichent une peau en pierre de Laponie. Son gris se module en fonction de la lumière du ciel et du lac créé par la déviation de la rivière Dommel, qui borde l’édifice et le sépare du centre-ville. Pour la réouverture, l’exposition «About we», reprenant la formule de l’artiste américaine Lawence Weiner («Art is not about you or about me. It is not about us. It is about we»), tisse un fil d’Ariane entre les artistes, de Picasso et Mondrian à Rebecca Horn, jusqu’aux jeunes plasticiens français Pierre Huygue et Philippe Parreno.


 Rafaël Magrou
24.01.2003