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Expositions

Scènes de l’architecture bohême

Les architectes contemporains tchèques s'inscrivent dans la lignée des projets révolutionnaires d'Adolf Loos.


Alena Sramkova, Maison pour
un scientifique
, Kosik (Rep.
Tchèque). © Pavel Stecha
PARIS. Une exposition, au Pavillon de l’Arsenal, nous a récemment fait découvrir la villa Müller, construite en 1928-1930 par l’architecte austro-tchèque Adolf Loos. Celle-ci respecte le principe du «Raumplan», concept d’organisation spatiale qui fait exploser la traditionnelle distribution des pièces par étage, en démultipliant les niveaux dans l’intégralité du volume. Une seconde exposition, qui se tient à l’Institut français d’architecture (IFA), opte pour la création de ces cinq dernières années, présentée par des photographies, un film, des albums d'architectes et quelques maquettes. Aucun rapport entre les deux ? Au contraire, précise son commissaire Alena Kubová, tant la nouvelle génération d’architectes revendique cette «culture de l’avant-garde», préservée malgré la longue parenthèse socialiste. Libérés en 1989 de l’agence d’État unique qui les salariait (le Stavoproject), les maîtres-d’œuvre réagissent à l’arrivée de stars internationales de l’architecture telles que Frank Gehry. Ils démontrent leur aisance à s’adapter à une commande publique diversifiée et aux exigences d’une commande privée renaissante.


Minimalisme et clarté d’écriture
Dans les centres historiques ou en périphérie, chaque réalisation fait l’objet d’une attention particulière au contexte urbain. La rénovation du bâtiment Langhans à Prague (Ladislav Lábus, architecte) est éloquente : ses surélévations colorées démontrent avec brio comment éviter le pastiche baroque ou le «façadisme», pratique de promoteur qui consiste à évider les bâtiments pittoresques pour ne garder que leur peau externe. La province n’est pas en reste : maison de bois conçue comme un donjon-observatoire à Kosík (Alena Rámková, architecte), bâtiment cubique noir sommé de sheds et percé de fenêtres en bande, abritant le siège social d’une manufacture de mobylettes à Brno (atelier Brno)… Variété des formes et des interventions mais goût commun pour le minimalisme, qualité des matériaux et soin du détail : cette nouvelle architecture tchèque est saluée pour sa «clarté d’écriture» par Jean-Louis Cohen, directeur de l’IFA. La présentation des quatorze équipes choisies est malheureusement modeste pour cause de voie d’eau dans l’hôtel de la rue de Tournon. Elle n’en demeure pas moins un signal : à l’est, il y a du neuf !


 Sophie Flouquet
27.01.2003