Frédéric Druot, architecte

Comment expose-t-on le design ?
Frédéric Druot. Il s’agit avant tout d’un travail en commun mené depuis deux ans avec Christine Colin, commissaire de l’exposition. La première tâche a été de sélectionner les six cents pièces dans une collection qui en compte trois mille. Il faut ensuite dépasser la classification chronologique, trouver des thématiques plus littéraires et élaborer un vocabulaire critique adapté. Chaque pièce doit se livrer d’elle-même aux yeux du public. L’accessibilité des pièces est la première contrainte à gérer lors du montage.

Comment cela se présente-t-il à Saint-Étienne ?
F. D. À chaque lieu d’exposition correspond une scénographie adaptée. Au Musée d’art moderne, nous avons opté pour un système de rayonnage, comme dans un supermarché, facilitant une lecture rapide et synthétique. Sur trois kilomètres d’étagères, les objets sont exposés de manière frontale à la manière d’un catalogue. Même les cartels, reprenant les silhouettes de chaque pièce, contribuent à la clarté de la signalétique. Aux murs blancs correspondent des thèmes - fragmenter, empiler ou économiser -, aux murs noirs des noms de designers internationaux - Nouvel, Starck ou Pesce. Nous avons préféré une lumière d’ensemble plutôt que des points d’éclairage pour certaines pièces importantes.


Avez-vous eu recours à des effets spéciaux ?
F. D. En aucun cas la scénographie ne doit prendre le pas sur les pièces exposées. À Saint-Étienne, nous avons accordé une attention particulière à la muséographie. Dans les alcôves, des pièces en libre accès - chaises en mousse expansée, étagères en mouvement - perturbent volontairement le parcours linéaire du visiteur. Plutôt que de suivre les rayonnages, celui-ci peut entrer en contact direct avec les créations dans des espaces spécifiques. D’autre part, une musique contemporaine d’Alexandre Navarro, inspirée des criées aux poissons, rythme les pas du public.