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Musées

Lumière sur les Nymphéas

Alors que le Jeu de Paume abritera bientôt la Galerie nationale de l'image, son «pendant», l’Orangerie, poursuit son ambitieuse rénovation.


Coupe perspective : vers le vestibule
d'entrée aux salles des Nymphéas
© Agence Brochet / Lajus / Pueyo.
PARIS. Il suffit de longer le Musée de l’Orangerie pour saisir l’ampleur des travaux qui y sont menés. Une verrière entièrement restaurée le coiffe avec son ossature sertie en laiton dont la brillance ne devrait pas résister plus d’une année aux outrages du temps. Quant à la façade que l’on aperçoit depuis le jardin des Tuileries, elle donne l’impression d’être éventrée. Anciennement aveugle, elle doit être pourvue de baies vitrées, à l’image de celles construites à l’origine sur le seul côté sud, pour mieux ensoleiller les orangers… S’il ne s’agit que de transformations visibles de l’extérieur, toutes deux traduisent l’un des objectifs du programme de rénovation : réintroduire la lumière dans le musée.

Les «Nymphéas» au jardin...
L’aménagement du bâtiment, réalisé après la Première Guerre mondiale sur les recommandations de Claude Monet pour installer ses Nymphéas, avait été dénaturé au fil des restructurations. La principale avait été menée au début des années 1960 pour permettre la présentation de la collection du marchand parisien d’art moderne Paul Guillaume. Le chantier actuel vise à restituer au lieu son identité initiale. Ce qui nécessite de redonner au cycle impressionniste sa place privilégiée au sein du paysage, entravée par l’obturation de différentes entrées et du plafond vitré qui baignait les salles ovales de lumière. «C’est le génie du lieu compris par Monet et sauvagement détruit par les aménagements ultérieurs qu’il fallait religieusement restituer», explique Pierre Georgel, le directeur de l’établissement.

Et les tableaux à la cave…
Le projet architectural de l’agence Brochet / Lajus / Pueyo, le trio qui a transformé l’ancien couvent de l’Annonciade à Bordeaux en bureaux pour la DRAC, est particulièrement audacieux. Le sol de béton créé pour aménager un étage sera prochainement démoli pour que les Nymphéas recoivent la lumière naturelle. La collection de tableaux modernes, ainsi déplacée, se déploiera dans une nouvelle extension, installée sous le jardin mais néanmoins éclairée par une saignée creusée dans le sol. Au centre de l’édifice reconfiguré, l’escalier descendant vers ces salles sera surmonté par un pont de bois menant vers les Nymphéas, en souvenir de Giverny. À l’automne 2004, ces travaux «décapants» estimés à 25 millions € devraient permettre de rehausser ce musée un peu vieillot à la hauteur de ses illustres voisins : le Grand Louvre et Orsay.


 Zoé Blumenfeld
04.02.2003