Delanoë veut doubler le budget de la culturePrès de deux ans après son élection, le maire de Paris a enfin présenté le projet culturel de sa mandature.
PARIS. Que Paris retrouve «sa place en Europe et dans le monde». Dans la communication de Bertrand Delanoë, prononcée le 28 janvier au Conseil de Paris, on lit en filigrane une critique peu amène de la gestion de ses prédécesseurs. À l’heure où le ministère de la Culture vit une période de gel de crédits, c’est un moyen de montrer que Paris emprunte un chemin opposé. Le budget municipal 2003 pour la culture est de 163,4 millions €, en progression de 12% sur celui de 2000 et le maire s’est fixé comme objectif de le doubler, hors rémunérations des agents, pendant son mandat. Cela suffira-t-il à combler le fossé «qui s’est creusé entre ceux qui fréquentent assidûment les théâtres, musées ou autres institutions, et ceux qui se sentent peu concernés par l’offre de la ville» ? Dans cette optique, les arts vivants obtiennent la part belle. Le «104», c’est-à-dire le bâtiment des anciennes pompes funèbres municipales au 104, rue d’Aubervilliers, est appelé à devenir un lieu de création artistique «de dimension internationale», avec des ateliers, des espaces de travail. Son ambition est de «faciliter un bouillonnement culturel», sur 11 000 m2 de surface utile, dans le nord-est parisien. On se prend à espérer un lien étroit avec des institutions comme le Palais de Tokyo. Mais il faudra patienter jusqu’à la fin de l’année 2006 pour son ouverture, soit quelques mois avant les élections municipales… Le maire souhaite dynamiser la construction d’ateliers d’artistes - notamment à l’occasion des travaux de remise en état de l’habitat insalubre. Mais on voit mal comment une situation engorgée - six cents demandes en bonne et due forme pour huit cent vingt-cinq ateliers occupés, avec un taux de rotation très faible - pourrait évoluer favorablement en quelques mois.
Incertaine Nuit blanche
Du côté de la commande publique, à côté des créations 2003 - la fontaine de Chen Zhen et le manège de Bublex (450 000 € chacun) -, c’est surtout le chantier du tramway sur le boulevard des maréchaux qui devrait la stimuler, avec une installation prévue pour chacune des dix-sept stations. Le serpent de mer de la Gaîté Lyrique - qui a vu se succéder toutes les affectations possibles - ressurgit sous la forme d’un espace hybride, aux contours assez peu convaincants, mêlant musique actuelles, internet et création numérique. Trois grands musées sont concernés par des travaux d’ampleur : le Petit Palais (qui rouvre fin 2004), le Musée Cernuschi et le Musée d’art moderne. Le patrimoine bénéficie d’actions de fond, peu voyantes mais significatives : la restauration des passages couverts, dont beaucoup sont dans un état déplorable ; la réalisation d’une carte archéologique de la ville et la poursuite de l’inventaire du patrimoine de proximité. Si Paris-Plage est reconduit pour donner à la capitale une «ambiance festive et détendue», le flou persiste en revanche sur la Nuit blanche, qui pourrait être redimensionnée…
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