| © Bertrand Rieger. |
Vladimir Velickovic, artisteCélébré par les musées de son Belgrade natal l’an dernier, le peintre expose à présent dans la plus célèbre galerie de Londres.
Un peintre vivant en France à la Marlborough, comment est-ce possible ?
Vladimir Velickovic. C’est vrai qu’à part Matisse, depuis 1946, elle présente plutôt Bacon, Lucian Freud - qui vient de faire le portrait de la reine - ou Paula Rego. Peu de peintures venant de France sont montrées à Londres. J’ai juste vu un Dubuffet, chez Waddington, et une salle entière consacrée à Fougeron et à Taslitsky, à la Modern Tate. Remarquez que la belle exposition «L’art français de 1900 à 1968», l’an dernier, c’est la Royal Academy qui l’a organisée. En ce qui me concerne, l’histoire est vieille de 30 ans : à la Biennale de Venise où je représentais la Yougoslavie, j’avais rencontré Frank Lloyd, le directeur, qui a alors réuni tout son staff. Ils étaient tous là et m’ont proposé de travailler avec eux. J’étais stupéfait. La nouvelle a fait le tour de Venise en une heure et César m’a dit : «Fais attention, c’est une institution». Puis, plus rien. Jusqu’en 2002, où j’ai croisé Gilbert, le fils de Frank, à la FIAC. Le lendemain à 8 heures, il était à l’atelier. Il a tout regardé attentivement, a envoyé l’un de ses directeurs voir les expositions de Belgrade, et voilà. Il ne faut jamais perdre espoir.
Votre exposition est-elle un succès ?
V. V. Tout a été fait avec un grand professionnalisme. On a choisi ensemble cinquante œuvres récentes, dont certaines mesurent 250 x 660 cm. Le catalogue, le vernissage au champagne, un article dans The Art Newspaper... Pour le public, il s’agit d’une découverte. Sa surprise était tout à fait visible. J’ai exposé à Londres dans les années 1960, en collectif, et dans une galerie, en 1987, qui a fermé depuis. Une première exposition d’un quasi-inconnu peut-elle fonctionner à Londres ? On va voir. Ce qui est certain, c’est que les Britanniques savent faire voir et faire valoir la peinture. Et que le public a besoin de la peinture et de l’image en peinture. Les files d’attente des grandes expositions en témoignent.
Œuvres récentes à Londres ou quatre expositions simultanées à Belgrade, que préférez-vous ?
V. V. Quel que soit le résultat à la Marlborough, le fait d'y esposer est déjà un miracle. À Belgrade, il y avait quatre lieux. C’est incomparable. Une foule irrationnelle, tant le besoin est là-bas fort. L’émeute, vraiment. Avec une couverture médiatique exagérée. Les contacts ont été intéressants, émouvants, bouleversants. Une reconnaissance d’une certaine réalité dans les images, une identification touchante et dramatique a eu lieu.
| Françoise Monnin 13.02.2003 |
|