Les Froment-Meurice dans tous leurs éclatsLe Musée de la vie romantique poursuit sa redécouverte des talents oubliés du XIXe siècle en présentant une dynastie d’orfèvres.
| Coffret de la toilette de la
duchesse de Parme, Musée
de la vie romantique.
© RMN, Schormans. |
PARIS. Bijoutiers, orfèvres, joailliers, les Froment-Meurice exercent à Paris depuis la fin du XVIIIe siècle mais restent inconnus du grand public aujourd’hui. L’exposition transporte le visiteur dans les intérieurs bourgeois où le goût du luxe et de l’apparat ont contribué au succès de François-Désiré (1802-1855) et d’Émile (1837-1913) Froment-Meurice. La mode est alors aux valeurs historiques. Les personnages célèbres et les grandes batailles se déploient sur les pieds de coupes, les candélabres et autres pièces en argent et bronze doré annonçant déjà l’éclectisme du Second Empire. Les commanditaires des Froment-Meurice viennent de toute l’Europe : le prince Anatole Demidoff (Russie et Italie), époux de la princesse Mathilde, le duc de Medina Celi (Espagne), ou le pape Léon XIII qui commande une tiare pour la basilique Saint-Pierre de Rome.
Le XIXe siècle ou l’historicisme
Cimaises couleur lie-de-vin, vitrines imposantes et effets de lumière contribuent à mettre en valeur les cent œuvres prêtées par le Musée d’Orsay, les collections royales espagnoles ou le palais du Tau de Reims. Toutes les pièces exposées illustrent le renouveau des techniques comme le nielle - alliage d’argent, de plomb et de soufre appliqué dans des décors creusés au burin. L’émail - verre coloré fondu sur une pièce métallique et cuit - et les pierres précieuses sont associés dans des compositions comme le centre de table de la princesse Amélie d’Orléans (1886), une caravelle en argent ornée d’agates et arborant des écussons émaillés. Les commandes sont diverses : des trophées de courses, l’épée du comte de Paris, la Canne aux singes de Balzac ou un bouclier pour le roi de Hollande.
Des commandes exceptionnelles
La salle consacrée aux objets liturgiques est plongée dans l’obscurité. Dans les vitrines sont présentés l’ostensoir de Notre-Dame du Sacré-Cœur (1874) - conçu avec les bijoux de l’infante d’Espagne -, des crosses épiscopales, des reliquaires émaillés ou des calices en argent. Une occasion unique de confronter des pièces conservées dans des sacristies, à l’abris des regards. Le vocabulaire iconographique - dragons, anges, pinacles - fait référence au XVe ou au XVIe siècle, comme en témoigne le reliquaire de Charlemagne (1855), commandé par Napoléon III qui abrite les reliques de la Vierge, de saint Jean-Baptiste et un morceau de l’humérus droit du roi carolingien. La toilette de la duchesse de Parme clôt l’exposition. Exposé en 1851 à l’Exposition universelle du Crystal Palace de Londres, cette commande exceptionnelle - faite à l’occasion du mariage de Louise-Marie-Thérèse de Bourbon, petite-fille de Charles X, et du futur duc de Parme - a nécessité la participation des meilleurs artistes de l’époque. Félix Duban en a conçu la structure architecturale, Jean Feuchère les multiples sculptures et Michel Liénard s’est chargé des ornements. Composé d’un miroir monumental, d’une aiguière avec son bassin, de deux coffrets construits comme des châsses médiévales, cet ensemble a demandé six années de travail.
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