La ronde des arts ménagersUn ouvrage entièrement consacré aux arts ménagers est promu au rang de livre d’art.
Depuis trente ans, Jean-Bernard Hebey collectionne des objets du quotidien qui ont fabriqué l’image de l’Amérique. Alors que l’Europe en était encore à l’ère des ustensiles de cuisine en bois, le continent américain écoulait ses stocks d’aluminium et d’acier dans la fabrication de sucriers ou de moulins à café. C’est à l’occasion de son premier voyage à New York, en 1961, que cet «archéologue de la modernité» achète sa première pièce : un presse-fruits chromé de la marque Rival. Ce fut le point de départ d’une collection qui compte aujourd’hui près de 30 000 pièces. L’introduction renseigne le lecteur sur les tendances qui se succèdent de 1925 à 1990 - entre inspirations futuristes, modernisme géométrique et «cocooning» aux formes rondes - mais aussi sur l’acceptation du design comme un art à part entière par les institutions muséales.
Sèche-cheveux, aspirateur et râpe à fromage
Présentées en pleine page, sans notices - elles sont reportées à la fin -, sur fonds noir ou blanc, les pièces prennent parfois des allures d’engins spatiaux. Comment ne pas penser à une soucoupe volante en découvrant ce radiateur électrique soufflant en zamac peint (1958) ? Le service à cocktail en laiton nickelé (1925) ressemble autant à un missile que le cuiseur de pommes de terre en fonte d’aluminium polie (1938) à un ballon dirigeable. S’il reste avant tout un ouvrage de référence pour les collectionneurs de grille-pain et de centrifugeuses, c’est sous un angle ludique que cet ouvrage prend toute sa signification. Quelle est cet outil en fonte d’aluminium se terminant par deux broches en fer forgé nickelé ? Un fer à friser… aussi énigmatique aux yeux du XXIe siècle qu’une marque à beurre en bois gravé.
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