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Caylus, homme des Lumières

Ami de Watteau, admiré par Wedgwood et mécène de Bouchardon, le comte de Caylus apparaît comme l’initiateur des méthodes de classement en histoire de l’art.


Classé parmi les célébrations nationales de l’année 2002, l’anniversaire de la publication des sept volumes du Recueil d’Antiquités (1752-1765) du comte de Caylus (1692-1765) permet de lever le voile sur un personnage méconnu de l’histoire de l’art du XVIIIe siècle. Présenté dans un format «carnet de voyage», cet ouvrage n’a pourtant rien de touristique. Alain Schnapp, directeur de l’Institut national d’histoire de l’art, consacre tout un chapitre à la méthode de classement du collectionneur, inspiré, selon Krzysztof Pomian, directeur de recherche au CNRS, du travail préliminaire d’un autre amateur d’art de l’époque, Pierre-Jean Mariette (1694-1774). De sa carrière militaire à son rôle de mécène le parcours du gentilhomme est décrit dans ses moindres détails : ses cours de dessins chez Watteau, sa place dans le cercle artistique de l’époque, ses évocations stylistiques sur les vases grecs peu connus à l’époque.

Une collection qui fait avancer l’histoire de l’art
Voyageur, amateur d’art, antiquaire, graveur et mécène, Caylus dessinait, mesurait, pesait et décrivait chacune des pièces de sa collection à l’image de ces statuettes sardes en bronze du XVIIIe siècle av. J.-C.. Scientifique et consciencieux, il entreprend même de réhabiliter des procédés anciens comme la peinture à l’encaustique ou la coloration du verre, dont Wedgwood a tiré une leçon exemplaire pour la réalisation de ses porcelaines. Caylus, écrivain ? En plus des mémoires sur des thèmes historiques ou techniques, il se livrait à des «œuvres poissardes» ayant comme principaux personnages des hommes du peuple : Le Porteur d’eau ou les Amours de la ravaudeuse. En outre, on apprend qu’à l’occasion de dîners mondains, organisés en compagnie de Diderot, Grimm et Duclos, Caylus s’amusait à tourner en ridicule les académiciens. Des notes en fin de chapitres apportent des éléments bibliographiques ou des précisions. Un regret cependant : les illustrations étant en noir et blanc, le lecteur devra se déplacer à la Bibliothèque nationale pour apprécier la coloration des intailles et les mosaïques aux tesselles colorées.


 Stéphanie Magalhaes
26.02.2003