Szyszlo, l’abstraction à la péruvienneSa peinture, baignée de clairs-obscurs et de symboles précolombiens, ressemble à une quête identitaire.
| Fernando Szyszlo, Anabase,
1982, acrylique sur toile.
© Maison de l’Amérique latine. |
PARIS. Fernando de Szyszlo est une figure clé de l’abstraction latino-américaine. Né à Lima en 1925, il s’est essayé à l’architecture avant d’étudier les arts plastiques à l’université catholique locale. Son œuvre combine le vernaculaire andin et l’universel - à forte composante surréaliste, suite à ses rencontres parisiennes avec André Breton et Octavio Paz en 1949. Une hybridation que l’on retrouve en permanence dans la quarantaine de tableaux qui présentent sa création la plus récente. Après les quatre immenses toiles à l’acrylique, peuplées de halos mystérieux et d’escaliers oniriques, viennent de petites compositions aux couleurs pures et presque criardes. Les roses fuchsia succèdent aux jaunes crus, comme pour montrer qu’un chromatisme agressif n’interdit pas un savant jeu d’ombres. Sur ses tableaux apparaît systématiquement un faisceau lumineux qui irradie une partie de la composition comme le rayon d’un phare sur la mer. Une mer très présente dans sa peinture, car elle symbolise le décor de Lima où il a passé la plus grande partie de sa vie, hormis de brefs séjours en France et en Italie. Tiraillé entre sa culture ancestrale et le mouvement moderniste qui l’a marqué dans les années cinquante, Szyszlo ne se défait jamais d’une multitude de symboles précolombiens - des triangles, des lignes en zigzag, de petits cercles énigmatiques - qui rappellent les fondements de son identité culturelle. Ce qui ne l’empêche pas de puiser ailleurs son inspiration, notamment chez les grands voyageurs de l’image, comme le poète Saint-John-Perse auquel est dédié Anabase.
| Florence G. Yeremian 26.02.2003 |
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