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Marché

Nicolas Kugel. © Galerie Kugel.

TEFAF, le point de vue de Nicolas Kugel : «Un moment de concentration sur les œuvres»

La galerie Kugel est l’un des plus anciens participants français. Nicolas Kugel, également membre du conseil d’administration, analyse les spécificités de la foire.

Quelles évolutions a connu TEFAF en treize ans ?
Nicolas Kugel.
On peut parler d’abord parler d’évolutions quantitatives. Il y a treize ans, les visiteurs n’étaient que 12 000. À présent, ils sont environ 70 000. Sur le plan qualitatif, il faut signaler que les plus grands marchands au monde participent à présent dans tous les domaines. L’un des points faibles a longtemps été l’art moderne. Peut-être par laxisme, la spécialité avait été un peu mise de côté et on avait des deuxièmes, voire des troisièmes couteaux… Il y a quelques années, la question s’est même posée de savoir s’il ne valait pas mieux se passer de l’art du XXe siècle… Aujourd’hui, on a rectifié le tir et Maastricht est devenu la foire de référence pour l’ensemble du marché. Ce travail de longue haleine a réussi grâce à la volonté du conseil d’organisation mais aussi grâce à la structure assez unique de la foire.

Quelle est cette structure ?
N. K.
La plupart des salons sont organisés par des syndicats d’antiquaires ou par des structures commerciales. Dans le premier cas, des problèmes «politiques» se posent : on peut être obligé d’inviter des personnes qui donnent beaucoup de leur temps au syndicat sans qu’elles soient à la hauteur du salon. Et, dans le second cas, on est là pour faire de l’argent… Maastricht n’est pas un panier de crabes comme certaines foires nationales et c’est une fondation. Ce qui signifie que les bénéfices ne sont pas redistribués entre les actionnaires mais réinvestis avec comme seul but celui de faire la plus belle foire possible. Cela donne une grande indépendance. Ainsi, chaque année, les exposants sont invités. On essaie de «sortir» les mauvais - lorsque des problèmes d’expertise ou de qualité se sont posés - et d’amener les bons ! Cela nécessite d’être à l’écoute du marché et attentif à ceux qui émergent dans chaque spécialité.

Quelles sont les autres particularités de Maastricht ?
N. K.
Les visiteurs qui viennent à Maastricht se déplacent uniquement pour la foire. Ils passent la journée ici, dans un complexe dont il faut bien reconnaître qu’il est assez rébarbatif. C’est une démarche tout à fait particulière… Il s’agit d’un moment de détente et de concentration sur les œuvres, sur un achat possible. On est loin de ce qui se passe à Paris ou New York où on «vole» quelques heures. Je me souviens toujours d’une anecdote à ce sujet. À la Fine Art Fair de New York, un lendemain de vernissage, un ami a reçu un chauffeur. Son patron avait repéré une œuvre la veille. Il voulait en discuter le prix et il attendait de le connaître dans sa limousine, car il donnait une vidéo-conférence. Cela c’est l’inverse de Maastricht ! TEFAF, c’est un moment à part, situé hors du contexte quotidien et c’est sans doute l’un des éléments qui en explique le succès !


 Zoé Blumenfeld
21.02.2003