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Gilles Clément, paysagiste«L’Unesco classe maintenant des paysages, et la convention européenne est en train d’entrer en application. Je suis contre cette muséification du paysage.»
Lundi 3 mars. J’ai rendez-vous, dans un agréable café de Saint-Sulpice, avec le comité de rédaction de la revue Carnets de paysage, qui consacre un numéro à une nouvelle science, l’odologie. Ce néologisme désigne la science des chemins, des routes et des sentiers. Je vais porter un regard critique sur la «nature à lire», c’est-à-dire sur la façon dont on nous oriente dans la nature, au moyen de panneaux - aller et retour en vingt minutes, attention à ce scarabée, etc.
Mardi 4 mars. Je suis à Arles où l’on m’a demandé de réfléchir aux abords du Musée de l’Arles antique.
Mercredi 5 mars. Je me rends à La Ferté-Vidame, dans le nord du Perche, près de Verneuil-sur-Avre. C’est l’ancien château de Saint-Simon mais également le dernier grand parc classique. Ce qui est amusant, c’est que le propriétaire de l’époque l’a vendu pour créer ensuite le premier parc romantique à Méréville, avec Hubert Robert. Le conseil général, qui est propriétaire du château, nous a demandé une étude pour savoir comment faire vivre ce lieu. Je la mène dans le cadre de l’École nationale du paysage de Versailles, avec trois étudiants. Le soir, je vais au cirque, à la Villette. J’adore le cirque et il s’agit là d’écoles acrobatiques.
Jeudi 6 mars. Je donne un cours à l’École du paysage sur la relation entre art et paysage. Je veux faire apparaître la très faible plage de liberté qui nous reste, et qui est maintenant du domaine de l’artiste. Le paysage est l’objet de chartes et de conventions qui le rigidifient. L’Unesco classe maintenant des paysages, comme c’est le cas à Saint-Émilion, et la convention européenne est en train d’entrer en application. Je suis contre cette muséification du paysage. Même si la justification économique disparaît, ces classements sont maintenus de force. J’ai ensuite rendez-vous avec les responsables de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de la Réunion. J’ai deux projets sur l’île. Le premier est une fontaine sèche pour la DRAC. Le second, c’est le jardin des tempêtes, qui a été monté à Vassivière l’an dernier, et qui est présenté ce mois-ci à Saint-Denis.
Vendredi 7 mars. Je travaille sur un jardin privé en plein centre d’Aix-en-Provence. Le lendemain, j’irai à Martigues donner une conférence sur la capacité d’adaptation des plantes.
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