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Expositions

Titien, comme avant, mieux qu’avant

La rétrospective londonienne est illuminée par la reconstitution du cabinet privé d’Alphonse d’Este.


Le Titien, Flore, c.1515-20, h.s.t.
79,7 x 63,5 cm © Photo Scala /
Galerie des Offices, Florence.
LONDRES. C’est une véritable prouesse, compte tenu des primes d’assurance et des craintes des musées, que celle réalisée par la National Gallery et par le commissaire David Jaffé, qui ont réuni pour la première fois en Grande-Bretagne quarante-trois œuvres de Titien. Malgré quelques refus de taille, comme celui de la Galleria Borghese de Rome, qui prive le visiteur d’une pièce maîtresse, Amour sacré, amour profane, l’exposition offre un large panorama des différentes périodes de l’artiste. Y sont présentés des sujets religieux comme La Vierge au lapin (1530), des scènes mythologiques avec Danaé (1544), et les portraits bénéficient d’une attention particulière, avec ceux de Paul III (1543) ou de Jacopo Strada (1570)… Ce parcours chronologique crée quelques bousculades en salle 2 où l’on peut admirer l’ensemble monumental du cabinet privé, ou camerino, d’Alphonse d’Este, duc de Ferrare, l’un des grands mécènes du XVIe siècle. Il est composé de trois tableaux de Titien dont Bacchus et Ariane, de trois tableaux panoramiques de Dosso Dossi, ainsi que du Festin des dieux, qui servit à l’inaugurer en 1524. Commencée par Giovanni Bellini, cette œuvre fut achevée par Titien. On regrettera évidemment l’absence des Bacchanales, aujourd’hui perdu, qui laisse un vide dans la restitution. Dans les dernières salles, La Mort d’Actéon (1565/1576) et Le Supplice de Marsyas (1570), qui comptent parmi les plus grands formats de l’exposition, montrent un Titien encore dans toute sa puissance créatrice à 80 ans, s’éloignant des règles académiques et exprimant sans ambiguïté la cruauté dans tous ses excès.


 Marie Coccoluto
03.03.2003