Kramár : l’œil cubistePour beaucoup, le nom de Vincenc Kramár (1877-1960) reste synonyme d’une importante collection d’œuvres cubistes. Cette première monographie lève le voile sur l’historien de l’art et le théoricien.
| |
Cet ouvrage complet, agréable à parcourir et d’une rigueur toute scientifique consolera ceux qui regrettent encore l’annulation de l’exposition de la collection Kramár au Musée Picasso entre octobre 2002 et janvier 2003. Par crainte d’une éventuelle saisie évoquée dans le cadre d’une procédure judiciaire opposant les descendants de l’amateur d’art et les autorités pragoises, celles-ci ont interdit le transfert des œuvres. Faute d’avoir pu approcher à cette occasion Violon, verre et couteau de Georges Braque, Vue de Cadaqués d’André Derain ou Le Boxeur de Pablo Picasso - aujourd’hui conservées à la Galerie nationale de Prague - le lecteur peut passer en revue une centaine de ces chefs-d’œuvre et comprendre, à la lecture des textes, la logique de cette collection.
Une biographie nourrie
Après avoir suivi des études d’histoire de l’art à Vienne sous la tutelle d’Alois Riegl, Kramár se rend à Paris dans les années 1910 et y découvre le cubisme. Enrichie de documents issus de ses archives personnelles, la première partie du catalogue évoque ses relations avec le marchand D. - H. Kahnweiler, son combat pour l’ouverture d’un musée d’Etat - la future Galerie nationale de Prague -, mais aussi son rôle dans la mise en place de nouvelles méthodes de restauration des œuvres d’art en Tchécoslovaquie. Grâce à une riche correspondance avec les artistes, la biographie du collectionneur retrace très précisément ses faits et gestes, ses achats et ses rendez-vous. Ainsi, une lettre de Kanhweiler du 13 juillet 1911 le remercie pour le remède contre le rhume des foins et lui annonce l’expédition prochaine du bronze de Picasso Fernande. Pour compléter l’anthologie des textes de Kramár, les plus curieux pourront se référer à la première traduction française de l’essai Le Cubisme, écrit en 1921 par le plus grand défenseur de ce courant dans les pays de l’Est.
| Stéphanie Magalhaes 04.03.2003 |
|