Camille Claudel chez elle

NOGENT-SUR-SEINE. De 1876 à 1879, le jeune Camille Claudel (elle est née en 1863) passe dans cette petite ville «des années heureuses, peut-être ses plus belles années», selon sa petite-nièce Reine-Marie Paris. Sa maison étant fermée au public et le Musée municipal Dubois-Boucher n’étant pas en mesure d’accueillir des expositions temporaires, c’est dans un lieu assez peu engageant - le complexe sportif Michel Baroin - qu’il faut se rendre. Sur des colonnes bleues, dans une lumière tamisée, une cinquantaine d’œuvres de Camille Claudel dialoguent avec quelques sculptures d’Alfred Boucher et d’Auguste Rodin. Enfant du pays, fondateur de la Ruche, à Paris, Alfred Boucher (1850-1934) a été le premier à découvrir le talent de la jeune artiste. Un plâtre patiné, représentant une adolescente lisant et dédicacé «à Camille Claudel en souvenir d’A. Boucher», témoigne de la relation amicale et professionnelle qui les lie. Alfred Boucher retrouvera Camille à Paris en 1881, continuera à la conseiller et lui présentera celui qui deviendra son deuxième maître et amant : Auguste Rodin. Seules trois œuvres de Camille ont été sauvées de cette période, toutes exécutées à Nogent : Diane (qui a été tiré en bronze pour l’exposition), un buste de Bismarck et la vieille Hélène. La suite, plus «classique», est consacrée aux rapports avec Rodin (de 1883 à 1892) et à sa période de création solitaire (1892-1913), marquée par une facette japonisante, par un côté Art nouveau. La ville a débloqué un budget de 220 000 € pour cet événement et attend au moins 25 000 visiteurs. L’enjeu est important : si le le succès est au rendez-vous, le maire s’adressera aux collectivités territoriales, aux administrations et aux mécènes pour racheter, à prix négocié, la collection de Reine-Marie Paris. Avec un objectif clair : ouvrir, d’ici à 2006, le premier Musée Camille Claudel au monde. En l’installant à Nogent, Reine-Marie respecterait les désirs de sa grande-tante : être éloignée de Rodin, donc de Paris…