Quand les bateaux étaient dorésTémoignant de la splendeur du règne de Louis XIV, les chefs-d’œuvre de la sculpture navale se prêtent parfaitement à une muséographie spectaculaire.
| Atelier de sculpture de l'arsenal
de Brest, buste d'un officier de
marine, figure de proue de la
corvette La Bayonnaise, 1846 |
PARIS. Conservées à Brest, à Rochefort et à Toulon, les soixante-dix-sept œuvres rassemblées au Musée de la Marine évoquent une époque - entre 1650 et 1850 - durant laquelle les bâteaux de guerre ont bénéficié d’une décoration exceptionnelle. Les plus grands artistes ont contribué à la réalisation de ces sculptures monumentales en bois doré qui prenaient place à la poupe et à la proue des flottes royales. Chaque arsenal possédait son propre atelier et parfois même des dynasties de sculpteurs attitrés comme les Caffieri et les Collet à Brest. Après Charles Le Brun (1610-1683), c’est Jean Berain (1640-1711) qui occupe le poste de dessinateur de la Chambre du roi et réalise le décor de plus de cent vaisseaux de la flotte de Louis XIV. Une mise en scène aérée donne toute leur ampleur aux figures sculptées et aux frises historiées tout en laissant aux visiteurs la possibilité de prendre le recul nécessaire face à des pièces qui dépassent parfois deux mètres. Au centre de la première salle, la poupe de La Reale (1694), galère mythique de combat, rappelle - du haut de ses 6,50 mètres - la magnificence du règne du Roi soleil tout en évoquant la misère des galériens dans les cales.
| Mise en situation des ornements
de la Réale © Musée du Québec /
Jean-guy Kérouac |
Tritons, naïades et dauphins
Au-delà de leur aspect décoratif, les programmes sculptés, qui ornent aussi bien les éperons de galères que les canots d’apparat, s’appuyent essentiellement sur une iconographie liée au monde marin. On retrouve ainsi des personnages mythologiques comme Jupiter ou Neptune, et un bestiaire imaginaire composé de sirènes, de dauphins et de chevaux marins. La figure d’Hercule brandissant sa massue et portant la dépouille du lion protège le «Montebello» (1817), l’aigle impérial veille sur la chaloupe de la frégate «La Belle Poule» (1840), tandis que l’Indien à la tortue, mythe iroquois de la Création, rappelle les Grandes Découvertes. Ces décors pompeux sont remplacés dès le XVIIIe siècle par des sculptures plus modestes pour disparaître au milieu du XIXe siècle avec les dernières flottes à voiles. À quand une proue sculptée sur le Charles-de-Gaulle ?
| Stéphanie Magalhaes 01.03.2003 |
|